Dans le dernier article, nous avons commencé à parler des principes pour être confortable en bivouac de montagne.
Nous avons notamment évoqué les trois piliers du confort en bivouac sur la base du principe PIC : protection, isolation, chaleur.
Dans ce premier article nous avons vu l’aspect protection, avec une tente. Aujourd’hui, je te propose de poursuivre avec l’aspect isolation.
Pourquoi t’isoler du sol ?
Quand je pense à isolation, en bivouac de montagne, je pense surtout à t’isoler du sol.
Il s’agit en effet d’éviter que les calories produites par ton corps soient absorbées par le terrain. Pour cela, nous allons ajouter un isolant entre ton corps, chaud et le terrain, froid.
Plus le terrain est froid, plus l’isolation doit être performante pour maintenir ta chaleur corporelle. Je te parlerai dans un instant de la base pour choisir ton matelas en fonction des conditions extérieures.
Avant, je voulais te présenter les deux grandes familles de matelas de sol. Tu peux trouver :
- des matelas ou tapis de sol en mousse ;
- des matelas gonflables ou autogonflants.
Les matelas mousse
Les matelas en mousse présentent un énorme avantage : ils sont très résistants et bons marchés. Avec eux, tu peux dormir sur n’importe quel terrain sans risquer de les abîmer. C’est un gros avantage si tu as besoin de fiabilité. Typiquement, si tu prévois des bivouacs sur plusieurs jours, plusieurs semaines ou mois. Ou alors pour dormir en haute montagne, en terrain rocheux.
Ces matelas présentent cependant un inconvénient majeur : à surface égale, ils sont beaucoup plus encombrant que les matelas gonflables. Certainement as-tu déjà vu ce type de matelas trôner au-dessus du sac à dos d’un randonneur. S’ils peuvent se rouler, leur largeur reste cependant importante.
Et, personnellement, je n’aime pas avoir ce type d’accessoires qui dépasse au-dessus de mon sac à dos. Cela peut se révéler dangereux dans certains passages rocheux.
Les matelas gonflables
Les matelas gonflables présentent les avantages et inconvénients inverse des matelas mousse : ils sont léger et compacts.
Ils demeurent cependant beaucoup plus sensibles au terrain sur lequel tu les pose. Ils peuvent s’abimer si tu les utilises, par exemple, sur un terrain pierreux. Si un kit de réparation est généralement fourni pour colmater une éventuelle déchirure, ça reste une solution de secours.
La fragilité des matelas gonflable reste cependant à relativiser. Pour en utiliser depuis des années, dans toutes sortes de terrain, y compris parfois sur des cailloux, je n’ai jamais eu de problème de trou ou de déchirure.
Les matelas gonflable présentent également l’avantage d’être plus isolants à épaisseur égal. Ce sont tous ces avantages qui m’ont fait privilégier les matelas gonflable aux matelas en mousse. Surtout lorsque les températures se rafraîchissent.
Les matelas gonflables restent cependant plus chers que les matelas mousse. C’est le prix à payer pour un volume réduit 😉
Mon matelas est-il adapté pour l’hiver ?
Comment savoir à quel point un matelas est isolant ? Comment savoir lequel emporter selon la température extérieure ? Lequel privilégier en automne ? en hiver ?
La réponse se trouve dans la R-value.
Cette valeur indique la résistance thermique d’un matelas. Autrement dit, à quel point le matelas est isolant. Plus la valeur est élevée, plus le matelas isole efficacement. Regarde la vidéo en début d’article pour plus d’infos sur la R-value.
Quelle R-value pour quelle utilisation ?
Pour une utilisation estivale, tu peux choisir un matelas avec une R-value entre 1 et 2.
Pour une utilisation sur 3 saisons, il te faut privilégier une R-value entre 2 et 4.
LesR-value entre 4 et 6 sont adaptées pour les bivouacs hivernaux, par exemple pour dormir sur la neige, sur la glace ou simplement un terrain gelé.
Au-delà de 6, il s’agit d’uneR-value pour dormir dans des conditions extrêmement froide, par -30°C et au-dessous. Ces matelas sont donc réservés à un emploi très spécifique.
Voilà, tu as maintenant une indication de base pour choisir ton matelas en fonction de l’utilisation que tu souhaites en faire.
Valeur mesurée ou estimée ?
Attention tout de même de bien vérifier que laR-value mentionnée soit une valeur mesurée et non estimée. La valeur est bien mesurée s’il est fait mention, sur l’emballage, que le produit est conforme ASTM F3340-18. Seul le respect de cette norme t’assure que la valeur annoncé soit bien effective. Certains constructeurs ont en effet tendance à noter une valeur estimée plutôt qu’une valeur mesurée. Et, pour être confortable en bivouac, tu ne veux certainement pas te fier à des estimations.
Les matelas que j’ai testé
Pour minimaliste ou randonneur léger
Lorsque j’étais à l’armée, dans la section alpine, je m’étais confectionné un matelas mousse personnalisé. J’étais peu enclin à transporter le volumineux matelas distribué en standard. J’ai donc pris un matelas mousse que j’ai découpé à la largeur de mon corps.
Dans la longueur, il couvrait uniquement la partie centrale de mon corps, entre mes épaules et mes fesses. J’utilisais ma veste comme coussin. Et je mettais mon sac à dos sous les jambes. Cela permettait de les surélever et ainsi éviter qu’elle se refroidisse par contact direct avec le sol.
Pour le transport, je pliais en trois mon matelas et l’enfilais dans mon sac à dos, directement côté dos. J’améliorais ainsi le confort de mon sac. D’une pierre deux coups !
Voilà une méthode minimaliste pour t’isoler du sol. Si tu aimes la rando légère, sache que cette méthode fonctionne très bien sur 3 saisons, par température clémente. Rien que d’en parler, ça me donne envie de réessayer ce type de protection. Dis-moi en commentaire si ça t’intéresse et je teste prochainement.
Par la suite, j’ai testé différents matelas gonflables.
Matelas gonflable non recommandé !
Le bas de gamme, sous forme de gros boudins. Pas cher, très compact, mais avec une faible isolation et une tendance à se dégonfler durant la nuit. Et je te parle même pas du confort ! Bref, ni très friable, ni très efficace. Comme tu l’auras compris, je ne recommande pas.
Les matelas que j’utilise
J’ai ensuite acheté un matelas Therm-a-rest autogonflant. Il a bien joué son rôle d’isolation et je le trouvais plutôt confortable. Il était cependant volumineux et lourd. Beaucoup trop pour les randonnées en autonomie. Mais, dans un premier temps, il a fait son job, assurant une protection correcte.
Utile en autogonflant ?
Pour ce qui est de l’aspect autogonflant, c’est, de mon point de vue, inutile de focaliser là-dessus. Un matelas autogonflant met en effet du temps à se gonfler. Et, pour peu qu’il soit resté roulé dans une armoire, il peut prendre beauuuucoup de temps pour gonfler 😂 Et de toute façon, il faudra finir à la bouche pour qu’il soit bien gonflé.
Lorsque j’arrive sur mon lieu de bivouac, je veux pouvoir utiliser mon matelas tout de suite. Souvent je vais m’y asseoir immédiatement pour faire ma popote ou admirer le paysage. Le matelas me permet de protéger mes fesses du froid du terrain. Donc je ne vais pas attendre que mon matelas se gonfle tout seul. Trop long ! Voilà pourquoi je trouve l’aspect autogonflant inutile.
Une bonne R-value ne suffit pas…
Outre la R-value, il y a bien sûr quelques autres éléments pour déterminer si un matelas te convient. Il s’agit de trouver un juste équilibre entre R-value, poids, encombrement et prix. T
u peux encore ajouter à cela une bonne résistance à la déchirure ainsi qu’une valve ergonomique. Celle-ci devrait être équipée d’un clapet anti-retour. De cette façon, tu peux gonfler ton matelas sans avoir le souci qu’il se dégonfle entre deux insufflations.
Voilà, tu as maintenant tous les critères pour choisir un matelas qui te convient.
Je voudrais maintenant te présenter deux matelas de sol que j’utilise régulièrement. Ils présentent chacun leurs avantages et inconvénients respectifs.
Exped SIM HL
Le premier est un matelas Exped que j’emporte régulièrement dans mes bivouacs depuis près de trois ans. C’est celui que j’utilise dans la vidéo de cet article. J’ai dormi avec sur à peu près tous les types de terrains, pierres et neige compris. Que ce soit sous tente ou à la belle étoile.
Même s’il est plutôt mince, il rempli parfaitement son rôle d’isolation. J’ai dormi avec jusqu’à des températures de -8°C tout en restant confortable. Le matelas joue parfaitement son rôle, même lorsque je suis juste assis dessus. C’est le cas lorsque je prépare ma popote, assis sur le palier de ma tente. Dans ce cas, j’apprécie justement sa finesse. Elle m’évite de trop dépasser la hauteur de ma tente.
Ce matelas est un autogonflant. Je ne me sers cependant jamais de cette fonction. Je le gonfle dès que j’ai monté ma tente, avec un sac pompe. Cet accessoire évite d’introduire de l’humidité dans le matelas. Ce qui ne manque pas d’arriver si tu gonfles ton matelas à la bouche. Comme l’air sec est plus isolant que l’air humide, mieux vaut t’abstenir d’introduire de l’humidité dans ton matelas de sol.
Le matelas possède deux valves : une pour le gonflage, une autre pour le dégonflage. Les deux valves possèdent une soupape anti-retour. Très pratique, voire indispensable. Ces valves sont souples et solides. Elles restent fiables dans la durée.
L’inconvénient que je leur trouve ? Elle sont parfois difficiles à manipuler par temps froid, lorsque tes doigts sont engourdis ou que tu portes des gants.
Je ne connais pas la R-value exacte de ce matelas que j’ai acheté d’occasion. Elle doit être proche de 3. Ce qui en fait un bon matelas 3 saisons que j’ai également utilisé en conditions hivernales.
L’autre inconvénient que je lui trouve, est d’être glissant lorsque tu te retrouves en légère pente.
Therm-a-rest NeoAir XTherm
J’ai acquis un autre matelas il y a moins de six mois : le Therm-a-rest NeoAir XTherm. Avec sa R-value mesurée de 6.9, c’est clairement un matelas taillé pour l’hiver. C’est d’ailleurs dans cette optique que je l’ai acheté. Je souhaitais disposer d’un matelas 4 saisons sur lequel je puisse m’installer confortablement tout au long de l’année.
Il est également beaucoup plus épais que le matelas Exped. Comme il a une structure en nid d’abeilles, il est cependant beaucoup plus stable que les matelas autogonflants tubulaire, tel mon premier matelas gonflable.
La valve WingLock est équipée d’un clapet anti-retour qui te permet de gonfler le matelas sans qu’il se dégonfle. Très pratique lorsque tu utilises un sac de gonflage. J’aime beaucoup cette valve car elle est facile à manipuler, même avec des gants ou les doigts froids. C’est un vrai plus en condition hivernale.
La valve me paraît cependant plus fragile que celle du Exped. Selon le site Internet Therm-a-rest, elle a cependant été testée dans des conditions difficiles. Pour l’instant elle n’a pas bougé. À voir ce que ça donne à l’utilisation, sur le long terme.
De manière générale, je ressens ce matelas comme plus fragile que l’Exped Sim. Mais ce n’est que mon ressenti. Peut-être juste car il semble très fin.
Pour plus de détails sur les caractéristiques techniques de ce matelas, jette un oeil à la vidéo de son déballage.
Pour l’utiliser depuis plus de 6 mois, dans différentes conditions, y compris sur la neige, à la belle étoile… j’en suis très satisfait. Il est confortable de par son épaisseur : moelleux et isolant.
Seul petit inconvénient, lorsque je suis assis dessus, par exemple pour faire ma popote, je sens la fraîcheur du sol. Ce n’est pas du tout le cas en position couchée. Dans ce cas la charge est mieux répartie, sur toute la surface du matelas. Pour être bien isolé en position assise, tu peux toujours dégonfler légèrement le matelas et le plier en deux avant de t’asseoir dessus. Ou alors tu peux utiliser un mini pad en mousse isolante qui fait très bien l’affaire.
En conclusion
J’espère que ces quelques considérations, du point de vue de mon matériel, vont t’aider à choisir un matelas qui soit à la fois isolant et confortable. Regarde la vidéo de cet article si tu veux plus d’informations sur les matelas que j’utilise.
Pour tes premières expériences en bivouac, tu peux éventuellement emprunter ou louer ce matériel.
Alors oui, un bon matelas représente un certain coût à l’achat. C’est cependant un pilier important, comme nous l’avons vu, du confort en bivouac. À ce titre, la série Sim de chez Exped représente, de mon point de vue, un bon rapport qualité-prix. Tu peux également jeter un coup d’œil du côté des matelas Therm-a-rest. La marque reste une valeur sûre du domaine.
Si tu as des questions, des remarques, des commentaires, inscris-les juste en dessous afin d’ouvrir la discussion. Si je peux t’aider à clarifier certains points, c’est avec grand plaisir.
Et si tu souhaites préparer au mieux ta prochaine randonnée, jette un coup d’œil au programme gratuit de préparation à la rando. J’y passe en revue la liste des choses à faire pour bien préparer ta randonnée, le matériel à emporter, sur la base d’une checklist ainsi que la routine d’après randonnée pour prendre soin de ton matériel et bien préparer la randonnée suivante.
À tout bientôt en bivouac, proche des sentiers et sur les sommets !
Anne Prudent
Bonjour,
Nous avons ton article très bien fait. L’isolation est super importante. En effet, lors d’une de nos randonnées, nous n’avions pas emmené nos tapis de sol et nous l’avons ressenti. Le froid, l’humidité ont gâché notre nuit.
Nous avons appris plein de choses, notamment pour le sac pompe et la R-value.
Merci pour cet article
Nicolas
Avec grand plaisir s’il vous a été utile. Effectivement, comme tu le souligne, il n’y a pas que le froid qui peut être désagréable en randonnée, il y a également l’humidité. Un bon matelas de sol protège aussi de cet aspect, merci de l’avoir souligné.
Nicolas
Article très complet et bien fourni. On voit que tu t’y connais c’est rassurant. Clairement le confort qu’apporte « du bon matériel » peut transformer ton expérience en montagne. Good Job !
Nicolas
Clairement, s’appuyer sur du matériel fiable est confortable à tous les points de vue. En montagne, en bivouac, surtout en solo, la sécurité prime. Merci pour ton commentaire et partage
Nicolas ROZALSKI
Hey super ! moi j’utilise une matelas gonflable mais qui s’arrête après les fesse, t’en penses quoi ?
Nicolas
Top! Je ne savais pas qu’il existe des matelas gonflables si courts. C’est quoi le type et la marque, ça m’intéresse.
J’en pense beaucoup de bien. Comme je l’explique dans la vidéo, j’ai utilisé à l’armée un matelas mousse qui couvrait juste la partie centrale de mon corps, jusqu’au niveau des fesses. J’avais trouvé ça top et ça me donne envie d’expérimenter à nouveau. Donc ouiiii, un mini gonflable me semble top. Tu peux éviter d’avoir froid aux jambes en mettant ton sac à dos dessous. Perso j’aime bien quand un accessoire rempli deux rôles: un le jour et un autre la nuit. C’est tout ça de poids de gagné 😉
Chloé
Merci pour ce bel article, bien renseigné ! En voyage j’ai beaucoup utilisé un autogonflant qui allait jusque sous les fesses, pratique pour réduire le poids et l’encombrement, mais effectivement, dès que la température était un peu basse, j’avais très froid aux pieds ! A réserver pour l’été, donc…
Nicolas
Ou alors tu peux le rallonger en plaçant ton sac à dos, avec quelques affaires à l’intérieur, sous tes jambes. Elles restent ainsi isolées du sol. Une bonne astuce pour randonner léger. Ton sac sert ainsi le jour… et la nuit 😉
Merci pour ton partage ☀️
Genka Shapkarova
Super article! Je n’ai jamais été de cette façon dans la nature, mais cet article et ton blog sont très intéressants et donnent envie de vivre une telle aventure. Merci !
Nicolas
Merci ! C’est effectivement une expérience très enrichissante qu’il faudrait vivre une fois dans sa vie 😉