Pour le départ de cette rando au Barrhorn, je te donne rendez-vous au parking de Vorder Sänntum (1902 m). L’endroit se trouve dans la Haut-Valais, tout au fond de la vallée de Tourtemagne (Turtmanntal). Un grand parking, payant, est disponible. Si, comme moi, tu ne veux pas payer, parques-toi simplement un peu en-dessous. Avec les dénivelés que nous allons faire, tu n’es sûrement pas à 10 m près.
Lors de la préparation de cette randonnée, j’avoue que je me suis peu renseigné sur l’itinéraire. J’ai pris l’itinéraire le plus direct entre le point de départ et d’arrivée avec, au final, une petite variante pour le retour. Si c’était à refaire, je changerai quelque peu mon parcours pour le rendre encore plus agréable. Je t’en parle en fin d’article.
Dès le début du parcours, je me trouve confronté à des patous. Mais oui, tu sais, ces gros chiens blancs qui gardent les moutons. Le parc à mouton se trouve précisément sur un raccourci de début de cours. Tant pis, je vais faire un détour, j’avoue que je crains de me confronter avec ce genre d’animal.
Turtmannsee, glaciers et neiges éternelles
La première étape du parcours est le lac de Tourtemagne (Turtmannsee, 2176 m). C’est un barrage. La montée présente une belle vue sur le Bishorn (4151 m), dont je parlais encore hier avec un collègue. Peut-être une idée pour une prochaine course. À voir…
Quoi qu’il en soit, le panorama de fond de vallée est grandiose. Une vraie carte postale de haute montagne : lacs de montagne, éboulis, glaciers, moraines, neiges éternelles et fameux 4000 m. Trop top !
Turtmannhütte pour passer la nuit ?
Après avoir traversé le barrage et longé le lac, c’est la montée vers la cabane de Tourtemagne (Turtmannhütte, 2523 m). Je me lance dans une course effrénée avec le soleil qui est en train de se coucher. Comme je veux profiter encore de ces rayons, mon défi est de grimper plus vite qu’il ne disparaît. Une excellente motivation pour presser le pas !
La cabane de Tourtemagne est un très bon point de chute si tu veux faire la montée en 2 étapes avec tout le confort. Tu peux y monter, par exemple, en fin de journée, passer la nuit à la cabane et partir le lendemain matin pour le Barrhorn.
Pour ma part, je vais passer la nuit un peu plus haut, à la fraîche. Au fond de la traversée depuis la cabane, juste avant de t’engager dans le passage Gässi, tu peux admirer une source qui jaillit des rochers (à 1’12 sur la vidéo). C’est un point d’eau que tu peux utiliser si besoin (après filtration pour plus de prudence). Plus haut, point d’eau :-D
Gässi : des câbles fixes
Juste après la source, tu vas t’engager dans le Gässi. C’est un passage raide sur un sol plutôt instable et caillouteux. La sortie du passage, vers l’arête sommitale, se fait dans le rocher. Le passage est équipé de câbles fixes, donc tout à fait accessible. Jette un oeil sur la vidéo (à 1’14 et 4’49) pour avoir un aperçu du lieu.
Un peu plus haut, à un peu plus de 2700 m, se trouvent les dernières parties herbeuses de la rando. C’est là que je vais installer mon bivouac pour la nuit. Juste en dessous, le début de la moraine que je vais emprunter demain pour la montée. Le chemin, sur la crête de la moraine, y est bien tracé.
Soirée et nuit à la fraîche
Comme j’ai omis de remplir ma gourde à la source citée plus haut, je me retrouve à crapahuter à la recherche d’un peu d’eau. Ce soir, c’est repas lyophilisé. Chaud et reconstituant. Miam, un vrai délice !
J’en profite également pour tester la nouvelle lampe frontale, que je viens d’acquérir. Je l’ai échangée contre la mienne qui a été rappelée pour un défaut. Je te reparle des premiers résultats de mes tests tout bientôt.
Je peux d’ores et déjà te dire que j’apprécie beaucoup le mode « luminosité d’ambiance » à 50 lm. C’est, à mon avis, un mode idéal pour le bivouac. Oui, j’avoue que je n’aime pas les lampes qui éclairent trop pour cette utilisation. C’est ce que je reprochais à ma frontale précédente. Mais bon, chacun ses goûts !
Je passe une très bonne nuit. Même pas eu froid. Je décide de partir de bonne heure. Je démonte le camp, range toutes les affaires de la nuit dans un coin : je vais monter au sommet avec un sac light.
Mon petit défi du jour : profiter du lever du soleil au sommet.
Montée au clair de lune
La lune est là… enfin à moitié. C’est amplement suffisant pour bénéficier d’un excellent éclairage. Je trouve cette belle clarté parfaite. Du coup, pas besoin de lampe. C’est ce que je préfère. Oui, j’avoue, marcher la nuit, sans lampe, c’est un de mes grands bonheur. Tu n’as jamais essayé ? Je t’encourage vivement à tenter l’expérience.
Tiens, d’ailleurs je suis en train de parcourir un livre sur le sujet : « Osez la nuit » de Stefan Ansermet aux éditions Favre. J’étais très content d’apprendre que je ne suis pas le seul fou à aimer ça. Bon, je vais certainement te reparler de ce bouquin un de ces jours (ça fait beaucoup de choses dont je veux te parler :-D).
Je profite tout de même de la montée pour tester un peu ma nouvelle lampe. Et c’est là que je trouve bien utile les autres modes, avec une intensité plus importante. Très utile notamment pour repérer la suite du parcours lorsque le sentier n’est plus clairement tracé. Je t’en reparle également prochainement.
La dernière partie du parcours est assez raide, dans la caillasse.
Par la suite, j’ai vu qu’il y a une variante du chemin qui passe par l’arête sommitale. Dans ce cas, tu peux passer par le Inners Barrhorn (3583 m) ou juste en dessous. Ça vaut la peine pour bénéficier de la vue sur l’autre versant.
Levé de soleil au Barrhorn
Et voilà, j’aperçois la croix du sommet, le Üssers Barrhorn (3610 m). Je m’attendais pas à la voir si tôt. Tant mieux, je suis au sommet avant les premiers rayons du soleil, toooop !
Au sommet la température est fraîche. Le spectacle est pourtant admirable. J’en oublie les doigts qui piquent. Les 4000 environnants s’illuminent. L’astre apparaît. Il semble faire plus chaud. Le spectacle est magique.
À la descente, je croise les premières personnes au pied de la montée finale, là où commence la moraine. Deux filles qui me semblent porter des vêtements peu adaptés. J’avoue que ça me fait un peu peur. J’échange quelques mots pour m’assurer que tout se passe bien pour elles. Ça semble aller. Je leur souhaite une belle montée.
Derrière elles, plus loin sur la moraine, je croise, petit groupe par petit groupe, des dizaines de personnes qui montent au sommet. J’ai eu mon moment de solitude au sommet, je suis content.
De retour à l’emplacement qui m’a offert le gîte, je retrouve mes affaires. Le sac à nouveau chargé, je me dirige vers la Turtmannhütte. Jusqu’à la cabane, je croise régulièrement des personnes qui sont sur la montée. Ce sommet est décidément très fréquenté en cette période. J’ai bien fait de partir tôt !
Après une pause p’tit-dèj à la cabane, je reprends le chemin vers la voiture. Je choisis un chemin différent pour la descente : un sentier en corniche, au-dessus des lacs. Le panorama est top, l’ambiance délicieuse, avec peu de randonneurs. J’apprécie. À refaire, je monterai par cet endroit pour être face au panorama de fond de vallée avec ses glaciers et autres 4000.
La descente, assez raide, se fait par Holustei, puis Spicherli, avec un très beau petit sentier dans la forêt. Bien plus charmant que l’espèce de route que j’ai emprunté à la montée !
Si c’était à refaire…
Si je devais refaire un jour cette rando, voici les quelques points dont je tiendrai compte.
Itinéraire différent
Comme je te l’ai dit dans l’article, je planifierai un itinéraire différent.
En début de parcours, tu peux monter par Holustei, puis emprunter le chemin de la corniche pour bénéficier du magnifique panorama de fond de vallée, les glaciers, les neiges éternelles et le bleu des lacs en contrebas.
Pour la descente depuis le sommet du Üssers Barrhorn, tu peux longer l’arête jusqu’au sommet du Inners Barrhorn. Ou alors monter par le Üssers Barrhorn et redescendre par l’autre itinéraire, dont la pente est plus constante. À voir selon si tu privilégie la rapidité ou le confort ;-)
Depuis la cabane de Tourtemagne, tu peux emprunter l’itinéraire d’hiver pour descendre jusqu’aux rives du Turtmannsee. Ensuite, au point 2034 m, en-dessous du barrage, je te recommander d’emprunter le petit sentier dans la forêt pour rejoindre Spicherli, puis le parking. Beaucoup plus agréable que la descente par la route.
Réserve d’eau
Je ferai le plein d’eau à la source, juste avant le passage du Gässi.
En cas de bivouac, je prévoirai de remplir une gourde souple (qui prend peu de place dans le sac à vide) supplémentaire afin d’avoir de l’eau en suffisance pour le repas du soir et la rando du lendemain.
Matériel : chaussures et piolet
À partir de la Turtamnnhütte, tu es pratiquement tout le temps dans la caillasse. J’avoue que j’aurais apprécié une paire de chaussures de rando avec une semelle un peu plus rigide. À toi de voir selon tes habitudes.
Un piolet (ou éventuellement des bâtons, selon tes habitudes) peut être utile sur la dernière partie, assez raide. Le piolet, comme élément de sécurité, peut devenir indispensable en cas de présence de névés sur la dernière montée.
Ce que je garde
- L’emplacement du bivouac était très bien. En alternative, une nuit à la cabane pour plus de confort.
- Départ de bonne heure (vers 5h) pour la montée au clair de lune, éviter la foule et éventuellement bénéficier du spectacle du lever de soleil.
Liens et infos utiles
- Point de départ de la rando sur Google Maps.
- Itinéraire réalisé
- Itinéraire que j’emprunterai si je devais refaire cette course
- Le site Internet de la cabane de Tourtemagne (Turtmannhütte)
Aymeric
merci pour ce poste descriptif et ta vidéo. tu as bivouaqué juste après Gässi, est-il possible de bivouaqué un peu plus haut? Peux tu me dire combien de temps cela t’a pris de monter jusqu’au sommet ensuite. Je souhaite absolument attraper les premiers rayons du soleil. merci
Nicolas
Hello, je me suis arrêté pour bivouaquer à cet endroit, car c’était la limite entre herbes et pierrier. Donc oui, c’est possible de bivouaquer plus haut si tu te fais ta place au milieu des pierriers ;-)
D’après la carte, il faut 2h30 pour atteindre le sommet du Barrhorn depuis le point de bivouac. Je ne me souviens plus combien de temps j’ai mis. Assurément moins que ça, je dirais entre 1h45 et 2h. Après ça dépend beaucoup de ta condition, poids du sac…
Quoi qu’il en soit, je comprends tout à fait que tu veuilles y être pour le lever du soleil, c’est un moment magique ☀️
Belle rando et je me réjouis d’entendre tes aventures si tu postes un commentaire après…
Aymeric
Merci Nicolas, j’y suis allé, fantastique rando, j’ai bien bivouaqué sur le plateau de Gässi, comme tu l’as indiqué, et je me suis resourcé en eau juste à la source de Gässi car après il n’y a plus grand chose et j’ai du remplir ma gourde avec de la neige… Malheureusement j’ai eu de l’altitude sickness la nuit, c’était assez intense, nuit difficile, le matin cela allait mieux, et j’ai décidé de grimper jusqu’au Barrhorn, mais je n’ai pas pu partir à 5 h comme je le souhaitais car trop faitgué. C’était une première pour moi, 1er bivouac et 1er 3000 m. Bref, 2 jours mémorables. Merci pour ta vidéo et ton blog cela m’a beaucoup aidé.
Nicolas
Whaou, pour un premier bivouac tu as fait fort, sacré aventure! Et bravo pour tes exploits. Je suis allé voir tes photos sur Insta, elles sont magnifiques et le reflet de ce que tu as dû vivre là-haut. Juste de les voir, ça me plonge dans l’ambiance 😍
Merci beaucoup pour ton partage
Xav-25
Bonjour ,
je voulais vous laisser des infos de préparation avec ces 2 documents qui figurent en affichage sur place .
Le premier est un plan avec les temps de parcours . (on peut aussi compter 600m/heure pour une personne en forme). Il mentionne 2 lieux de campement et de feu possible / feu autorisé.
Le deuxième, la carte avec courbes de niveau.
aussi il y a une source au niveau du refuge Tourtemagne.
Bonne rando :-)
https://xaviera.pagesperso-orange.fr/conserv-post-internet/2020-09-12_Rando-plan-information.jpg
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Nicolas
Parfait, merci pour ces informations. Est-ce que je peux ajouter ces informations à l’article ?
Annie
Juste magnifique. Ça donne envie de se lever tôt pour avoir droit au spectacle en tout cas. À réfléchir
Nicolas
Ah je confirme, ça vaut vraiment la peine. Marcher la nuit, arriver au sommet à l’aube, bénéficier des premiers rayons du soleil, c’est vraiment une expérience magique… à vivre. Et le Barrhorn s’y prête vraiment bien.