Bon, avant d’arriver sur le lieu de départ de la rando, je dois absolument te parler de l’arrivée sur place. Simplement, car le départ de la randonnée d’aujourd’hui se trouve dans le Val d’Hérens.
Val d’Hérens : une région à découvrir
De mon point de vue, c’est une des plus belles vallées du canton du Valais francophone. Tu peux encore y retrouver un paysage typique de montagne ou la plupart des constructions récentes ont gardé un type chalet. Une nature relativement préservée et des habitations à l’ancienne participent à faire de ce Val d’Hérens un digne représentant du patrimoine valaisan.
Les pyramides d’Euseigne
Sur la route de montée, tu vas traverser – oui, oui, tu passes au travers – les fameuses pyramides d’Euseigne. Un chef-d’œuvre de la nature assez impressionnant.
Il paraît qu’on les nomme également « cheminée des fées » ou « demoiselles coiffées ». Ça vaut la peine de t’arrêter pour contempler ce phénomène naturel. Il est parfaitement visible depuis le bas-côté de la route. Il s’agit en fait d’une moraine – oui, il y avait bien un glacier ici il y a trèèèèès longtemps – coiffée d’un chapeau de pierre. L’érosion a fait son travail tout autour de la pierre qui protégeait la partie de moraine en dessous d’elle. C’est ainsi que ce sont créé ces pyramides particulières.
Eh oui, de très belles découvertes à faire dans ce val d’Hérens je te dis…
Les pâturages d’Évolène
Autour du village typique d’Évolène, je suis émerveillé par la beauté des pâturages : au milieu de la verdure, du blanc, du jaune, des teintes de violet… Des millions de fleurs égaient ces paysages qui semblent sortis de « La Petite Maison dans la Prairie » ! Pas étonnant que les vaches qui y broutent produisent un délicieux fromage !
Ainsi, avant même de commencer ma randonnée, j’ai déjà des souvenirs plein les yeux.
À partir de la localité des Haudères, tu vas prendre la route direction « Arolla ». Elle devient plus étroite. Une route qui sent bon la montagne. Bon, je te rassure, il y a tout de même suffisamment de place pour croiser.
La Gouille : départ de la rando
Bien avant Arolla, tu te retrouves au hameau de La Gouille (1835 m). C’est un endroit facile à repérer en saison : le parking regorge de voitures aux plaques d’immatriculation diverses et variées.
Il y a également un grand panneau avec l’inscription « Lac Bleu ». Tu es bien au bon endroit, c’est parfait !
Et non, non, non, le lac que tu vois tout proche du parking n’est pas le Lac Bleu ! Pour y accéder, tu dois d’abord enfiler tes chaussures de marche… et y monter !
Bon, c’est une balade très accessible pour atteindre un lieu si merveilleux. C’est bien pour ça qu’il est victime de son succès. Allez, on y va ensemble…
Ok, maintenant que tes chaussures sont enfilées, tu traverses le petit hameau de La Gouille. Il est vraiment magnifique avec ses petits chalets pierre et bois, qu’en penses-tu ?
Montée jusqu’au Lac Bleu
La montée jusqu’au lac et relativement raide. Le paysage exceptionnel va cependant te faire oublier l’effort à produire, promis !
Le petit sentier qui traverse la forêt est bordé de magnifiques rhododendrons. En fond de décor, les sommets enneigés, les glaciers, participent à créer l’ambiance unique de ce lieu magique.
Dans mon for intérieur, je pense à la chance de ces quelques vaches – oui, oui, les vaches d’Hérens, elles viennent bien d’ici – qui paissent et broutent en ces lieux. Les ruisseaux traversés procurent une ambiance rafraîchissante à ce magnifique tableau.
Un peu plus haut, quelques mayens s’offrent à ton regard. Et bien quand tu en es là, tu sais que le lac se trouve juste derrière. C’est le dernier schuss avant l’arrivée !
Une halte « chez Léon »
Sur le sentier, les randonneurs défilent. Certains pratiquent la « randonnée utilitaire », à l’image de Roland, qui progresse avec un sac lourdement chargé. C’est qu’il est en train d’aménager sa buvette « chez Léon ». Un aménagement à la sueur de son front. Et de celui d’un ami venu en soutien pour l’occasion.
Une buvette que Roland et sa compagne viennent tout juste de reprendre, fin avril. Comme un challenge qu’ils se sont lancé, investissant leurs économies dans ce projet. Ils voulaient avant tout éviter que cette buvette ne parte en main étrangère.
Comme ils ont un autre travail en semaine, la buvette « chez Léon » sera ouverte uniquement les week-ends, du vendredi au dimanche. Elle sera ainsi ouverte du 3 au 5 juillet 2020 ainsi que tous les vendredis, samedis et dimanches jusqu’au mois d’octobre 2020, selon la météo.
Durant cette période, tu pourras y boire un verre et déguster quelques spécialités culinaires : fondue, röstis, assiette du promeneur, crêpes, tarte aux fruits de saison et, comme spécialité, raclette au feu de bois – sur réservation
Sur place, la seule électricité disponible est fournie par un panneau photovoltaïque.
Voilà, c’était le petit « instant pub » pour cette belle initiative. Ma manière d’y contribuer. Si tu randonnes dans le coin, profite-en pour faire une pause « chez Léon » !
Pour ma part, et pour cette randonnée à la journée, mon sac est bien plus léger que celui de Roland. J’ai juste emporté quelques habits, un piolet et des crampons. Comme j’ignore les conditions dans la partie sommitale de la rando, je préfère prendre mes précautions.
Ça y’est, la première étape est franchie, voici le Lac Bleu (2090 m), bravo !
Le Lac Bleu : idéal pour une rando familiale
Si tu cherches un endroit magique pour faire une randonnée accessible, par exemple en famille, c’est l’endroit tout indiqué.
Il y a trois semaines, j’y ai emmené mes enfants ainsi qu’une amie et sa fille. Cette dernière n’avait pas trop l’habitude de ce type de randonnée. Et c’est vrai que pour accéder au lac… ça grimpe. Pour elle, c’était un exercice difficile. Ma crainte était de l’entendre dire une fois arrivée au lac, qu’autant d’efforts pour y accéder n’en valaient pas la peine.
Eh bien non, rien de tout ça ! Une fois arrivée sur place, elle était enchantée et m’a remercié. Tu vois, tu peux y aller les yeux fermés. Et y emmener avec toi des gens que tu aimes.
Bon, pour une rando en famille, tu peux t’arrêter là. C’est le lieu de pique-nique et de détente idéal : de l’herbe, de l’eau, la vue sur les montagnes et même des tables et de quoi faire la grillade. De notre côté, nous en avons bien profité, la dernière fois avec les enfants.
Comme l’endroit est très couru, il se peut cependant que toutes les places soient prises.
Si tu souhaites faire uniquement ce parcours, pour la descente, je te recommande une variante. Cela te permettra de faire une boucle et d’apprécier un paysage différent au retour. Tu trouveras le parcours proposé en fin d’article.
Vers la cabane des Aiguilles Rouges
Bon, en ce qui nous concerne, on va pas s’arrêter en si bon chemin. C’était juste l’échauffement ! Notre prochaine étape se trouve là-haut, au-dessus de cette barre rocheuse : la cabane des Aiguilles Rouges (2814 m). Les participants à la suite de l’aventure se font plus rares…
Au-dessus de la limite des derniers arbres, nous entrons sur le terrain des chamois, des bouquetins. Alors, chuuuut et ouvre bien yeux et oreilles. Eh oui, bouquetins et chamois se repèrent également à leur sifflement particulier !
Je sais qu’il est légion d’en observer dans la région. Je le sais pour avoir eu la chance d’en apercevoir lors d’un bivouac en été 2018. Une nuit magique à la belle étoile. Imagine, le sommet du Pigne d’Arolla (3787 m), juste en face, enneigée, éclairé par la pleine lune. Magique je te dis !
Bien en dessous de la cabane, je constate que, pour les derniers mètres, je vais côtoyer la neige. Contrairement à la semaine d’avant, celle-ci est relativement molle. C’est qu’il a neigé en altitude ces derniers jours.
Progression entre neige et rochers
Du coup, ma progression est plus lente : j’enfonce à chaque pas. Au lieu des crampons, inutiles dans cette situation, j’aurais mieux fait d’emporter des guêtres. Ou encore mieux : des raquettes à neige. Ces dernières auraient vraiment été utiles dans les conditions actuelles. Bon, j’y penserai la prochaine fois ;-)
Sur la carte, j’avais repéré un sentier mal délimité. Là, avec la neige, la question ne se pose pas. Bon, je te propose de consulter tout de même la carte pour avoir une idée grossière de l’itinéraire. Ensuite, nous cheminerons plutôt entre terre et rochers : la progression y est plus facile que de braser dans la neige.
Ok, c’est vrai, certaines parties sont un peu techniques. Et là, je m’aperçois que je manque cruellement d’agilité, de souplesse. Je sens bien que mon corps est un peu gauche, que je manque d’équilibre. Cette constatation m’encourage à travailler cet aspect-là. Peut-être que nous pourrons le faire ensemble dans les semaines à venir ?
Ici, je suis complètement seul. Aucun randonneur ne s’est aventuré dans ce terrain. C’est facile de le constater : aucune trace dans la neige autre que celles de quadrupèdes. Eh, eh, quand je te disais de bien observer…
Le paysage autour est un désert blanc. Juste en dessous, sur la carte, est noté l’emplacement d’un lac. Mais là, rien, niet, nada. Tout est blanc !
Point haut : vue sur la Val d’Hérens
Arrivé au point culminant de la randonnée (3030 m), une nouvelle perspective s’offre à nous. Que penses-tu de ce nouveau paysage ? De cette vue plongeante sur le Val d’Hérens ? De tous ces villages qui le composent ? Personnellement, j’adore ! Ça ajoute un plus à la satisfaction d’être là !
Eh, eh, maintenant la descente. Elle va être vraiment fun : nous n’aurons qu’à nous laisser glisser. Ici la neige est un peu moins profonde, nous allons pouvoir nous faire plaisiiiiir !
La couche molle, superficielle, est certainement la couche qui est tombée ces derniers jours. Une couche ramollie par la chaleur. Eh oui, même à la mi-juin, la température en altitude reste fraîche. Tiens, ça me fait penser à la nuit à la belle étoile que j’évoquais tout à l’heure. Et bien, au matin, mon sac de bivouac était tout blanc de givre. Oui, comme tu dis, mieux vaut être bien équipé !
Emporté par une avalanche !
Plus bas, dans la descente, je me laisse emporter par une avalanche !
Enfin… j’exagère un peu. C’est simplement la couche molle, récente, qui glisse sur la couche ancienne et dure qui se trouve en dessous. Bon, ça fait tout de même de belles coulées. Je m’assieds à la surface et me laisse emporter par ce « train des neiges ».
C’est à la fois impressionnant et très intéressant de pouvoir observer de tout proche ce phénomène. La neige est mouillée, lourde. Le glissement de neige est donc lent. Peux-tu cependant sentir toute sa force, sa puissance apportée par son poids ? Je n’aimerais vraiment pas me retrouver prisonnier dans une couche épaisse de ce type de neige !
C’est également très intéressant d’observer, en détail, les couches qui glissent l’une sur l’autre. C’est comme si des milliards de billes glissaient sur une surface dure. Je n’avais, jusqu’ici, jamais eu l’occasion d’observer ce phénomène d’aussi près.
Bon, ceci dit, ce n’est pas quelque chose que je te recommande. Il convient d’être très prudent avec ce type de glissement. Ici, c’était très clair que le risque était nul. Enfin… si ce n’est de heurter des rochers avec les fesses. Aïe, ça fait mal !
Un peu en contrebas, je retrouve la terre ferme. J’ai quelques difficultés à trouver le sentier. Tu le vois toi ?
La carte indique pourtant qu’il se trouve ici, sous mes pieds. Je vois bien quelque chose qui y ressemble… j’imagine qu’il faut être devin pour le trouver. L’observation sur le terrain confirme ainsi ce que j’avais vu sur la carte : le sentier est très mal délimité. C’est juste une information à connaître si tu souhaites faire cette boucle. Je classe d’ailleurs cet itinéraire dans les « randonnées alpines » pour cette raison. Pour le reste, en été et en l’absence de neige, l’itinéraire ne devrait pas présenter de difficultés particulières. Enfin… c’est ce que j’imagine, avec la neige actuelle je t’avoue qu’une appréciation précise était difficile !
Retour sur La Gouille à flanc de coteau
Le retour sur le hameau de La Gouille se fait à flanc de coteaux. Tout d’abord à découvert, puis dans la forêt.
Je retrouve cette atmosphère de sentier de montagne que j’adore : un chemin qui serpente entre les rochers ornés de mousse et bordé de rhododendrons. Juste magique !
Un peu plus bas, je rejoins l’itinéraire que tu as emprunté, si tu as suivi mes recommandations, pour redescendre depuis le Lac Bleu.
Ainsi se termine cette belle balade d’aventure, juste avant l’orage.
Tiens, c’est d’ailleurs intéressant de remarquer que, ce matin, à mon réveil, le ciel était d’un bleu immaculé. « Une belle journée pour une rando » que je me dis.
Au moment où je commence la balade, à La Gouille, quelques nuages se profilent sur les sommets environnants.
En redescendant depuis le point culminant, quelques gouttes de pluie me rappellent que la météo demeure changeante en montagne.
Et dire que ce matin j’hésitais à prendre ma veste ! Ça me servira de leçon. J’apprends, une fois de plus, qu’un équipement adapté pour répondre aux diverses conditions reste nécessaire. Je t’en reparle bientôt…
Infos pratiques
Variante de parcours
La première partie de parcours entre La Gouille (1835 m) et la Lac Bleu (2100 m) est idéale pour une balade en famille. Le temps de montée est de 40 minutes selon le panneau indicateur. Avec des enfants, il peut être un peu plus long.
Voici le parcours que je te propose (SuisseMobile).
Depuis la cabane des Aiguilles Rouges, tu peux également monter au col des Ignes (3182 m), puis revenir sur Arolla par le Pas de Chèvres (2855 m) ou le col de Riedmatten (2918 m). Par exemple pour une balade à prévoir sur deux jours, en fin d’été pour éviter la neige sur les sommets.
J’ai déjà parlé d’une partie de ce parcours dans une randonnée en boucle au-dessus d’Arolla. Il s’agit d’une randonnée alpine (marquage blanc-bleu-blanc). Tu peux t’en inspirer pour créer ton propre itinéraire.
Liens utiles
- La buvette à Léon, dans les chalets, juste en dessous du Lac Bleu, sur l’itinéraire suggéré pour la descente. Un site web est en cours de création. En attendant, tu peux réserver ta raclette au feu de bois au +41 79 683 89 98.
- La cabane des Aiguilles Rouges.
- La Gouille : le point de départ de la randonnée sur Google Maps pour un accès en voiture (grand parking disponible).
- Pour un accès en transport public (bus postal) : départ de Sion, descendre à l’arrêt « Arolla, La Gouille ». Voir les horaires sur le site des CFF.
- Le parcours de la randonnée sur SwissMobile. Attention : le chemin entre la cabane des Aiguilles Rouges et la Remointse de la Coutaz est mal, voire pas du tout balisé !
Carole
Super joli !
Que la montagne est belle ! J’ai hâte de pouvoir m’octroyer ce petit bonheur de ce côté ci des Alpes !
Ton bonus a l’air super, bravo !
Nicolas
Ah oui, ça je te confirme que cette région du lac Bleu et d’Arolla est magnifique. Un bel endroit à découvrir.
En tout cas si tu passes dans la région, fais-moi signe !