Sur la route qui mène jusqu’au village de Fiesch, dans le Haut Valais, je suis impressionné par la puissance des flots du torrent qui coule en contrebas de la route. Eh oui, il s’agit du Rhône, effectivement. Il prend sa source ici… Enfin un peu plus haut, au glacier qui porte son nom.
Là, entre les rochers, il semble s’écouler avec la joie d’un chiot que l’on viendrait tout juste de libérer de sa cage. Un délicieux spectacle qui égaye cette route jusqu’au point de départ de la randonnée du jour. Du village de Fiesch, nous allons prendre la télécabine jusqu’au Fischeralp (2215 m), gare amont de la télécabine. Cet autre village, plus en altitude, devient station de ski durant la période hivernale.
C’est d’ailleurs un peu ce qui me dérange dans ce paysage d’été : trop d’installations mécanisées sillonnent ce panorama, d’autre part superbe.
Changement d’itinéraire
À la maison j’avais tracé, sur carte électronique, le parcours du jour. Pour tout te dire, j’hésitais entre deux parcours. Finalement, j’ai retenu le plus court.
Cependant, ici, sur le site, je penche plutôt pour l’autre variante. Si c’est une bonne idée de préparer ta course dans le confort de la maison, c’est également utile de garder un peu de souplesse au cas où. Même avec l’aide précieuse que peut représenter Google Maps ou autres images satellites, la vision sur site te donnera toujours plus d’informations.
D’ailleurs, pour préparer ce tour, j’ai utilisé un outil que j’avais très peu employé auparavant. Je cherchais à connaître l’état d’enneigement sur site. Il me fallait donc un accès en direct au site. Comment aurais-tu fait pour avoir cette information sans aller sur place ?
Eh bien j’ai trouvé un moyen : les webcams ! En effet, comme le lieu est touristique, tu peux trouver, sur Internet, des vues webcam sur le sommet et les endroits clés. Bon, ça vaut ce que ça vaut. Toujours est-il que ça peut t’apporter quelques informations supplémentaires.
Donc, nous voilà en route sur la première partie de randonnée estivale : une route carrossable en légère montée. Idéal pour la mise en jambe. Avec, en prime, une magnifique vue sur le village de Bellwald, en contrebas.
Sur cette traversée, tu pourras également observer tes premières marmottes. C’est bien là le privilège réservé aux premiers randonneurs de la journée. Elles semblent assez nombreuses et pas trop farouches. Un peu plus haut, sur la montée, j’aurai l’occasion d’apprécier à quel point certaines d’entres elles peuvent courir vite. Pas très farouches, ok, mais pas au point de se laisser caresser ;-)
Fiescherhorli : à pied ou en télécabine ?
Après cet échauffement, je suis fin prêt pour m’élancer sur le sentier, un peu plus raide, qui me tend les bras. C’est la montée vers Fiescherhorli (2867 m), la gare amont du téléphérique depuis Fischeralp (2215 m). Tu peux monter à pied, soit prendre le télécabine, selon ton choix, du temps et de l’effort que tu souhaites consacrer à cette course.
La première partie, du sentier, entre pâturages et rochers, me plaît particulièrement. Il y a là de gros murs épais, certainement construits avec des pierres locales. Je ne comprends pas très bien leur utilité. Je suis cependant impressionné par l’œuvre.
Plus haut, vers l’arrivée du télésiège de Fiesch Talegga (2723 m), je me retrouve avec la vue d’un fond de vallée complètement enneigé.
J’ai une petite frayeur lorsque j’aperçois, au loin, un couloir raide, couvert de neige. Un couloir que je devrais potentiellement traverser ? Un coup d’œil sur la carte me rassure : non, le sentier ne passe pas par là, ouf !
Rassuré, je poursuis la montée sans jeter un autre coup d’oeil ni à la carte ni autour de moi. L’objectif est clairement visible, il me suffit de monter dans sa direction.
Attention aux rochers instables !
À la sortie d’un névé, je reprends pied sur les rochers. J’agrippe de ma main un gros bloc de pierre et y transfère tout mon poids. Et là, badaboum ! Le rocher bascule dans ma direction. Je perds l’équilibre. Je tombe et glisse pour me retrouver dans un trou, entre roche et neige.
Heureusement, plus de peur que de mal : uniquement quelques égratignures. Ce qu’il y a de cool, en rando, c’est que tu portes généralement un sac qui te protège le dos. Lorsque tu chutes sur des cailloux, c’est vraiment utile !
Bon, une fois sorti de mon trou, je m’aperçois, quelques mètres plus haut, qu’un sentier bien marqué et très accessible contourne l’endroit de ma mésaventure. Tu peux me dire ce que je suis allé faire là-bas ?
Bon bref, c’est fait ! Passons à autre chose. La montée continue, direction Fiescherhorli. Avant d’arriver à cette nouvelle étape, je peux observer la seconde cabine de la journée entrer en gare.
Lorsque je parviens à la hauteur de la gare, je trouve là également une magnifique cabane qui fait office de restaurant. Whaou, j’adore son look de cabane de montagne à l’ancienne.
Un peu plus avant, sur le point de panorama, il y a déjà quelques touristes en train de photographier le glacier d’Aletsch, le plus long fleuve glaciaire des Alpes. Heureusement, ils sont encore peu nombreux en ce début de saison. D’ici quelques semaines, il pourrait bien y avoir foule ici !
Eggishorn : premier sommet de la journée
Bon, de notre côté, je te propose de continuer la randonnée jusqu’au sommet de l’Eggishorn.
Pour y mener, je m’attendais à un sentier qui présente quelques difficultés techniques. Et bien, pas du tout. Le sentier, composé de grosses pierres, est bien tracé, facilement accessible. À certains endroits, tu pourrais avoir l’impression de monter un escalier. Il y a bien encore quelques névés en ce tout début d’été. Leur traversée ne présente cependant aucune difficulté majeure.
Bon, attention, il s’agit tout de même d’une randonnée de montagne. Elle requiert donc un équipement adapté, comme tu en as l’habitude. Pas de basket ici s’il te plaît. Aussi, si tu n’es pas trop à l’aise avec la marche sur de gros blocs de pierre, ce n’est pas le sentier idéal.
Panorama sur le Grand glacier d’Aletsch
Arrivée au sommet de l’Eggishorn, la vue sur ce fleuve de glace est impressionnante. La vue est dégagée jusqu’à la Konkordiaplatz, juste à côté de la cabane Konkordia – Konkordiahütte en allemand. Il paraît que la grande plaine glacée de KonKordiaplatz est suffisamment grande pour y bâtir une ville suisse de taille moyenne.
Comme il y a un peu de brouillard sur les sommets, je n’arrive pas à distinguer la Jungfrau qui devrait être visible à l’horizon. Peu importe, je savoure le panorama sur ce plus grand glacier des Alpes.
Enfin, pour un temps. C’est qu’il nous reste encore du chemin à parcourir. Nous aurons certainement d’autres occasions d’admirer cette merveille de la nature, sous d’autres coutures.
C’est donc déjà le retour jusqu’à la cabane Horli-Hitta et la station amont de la télécabine. Puis, de là, direction le sentier d’altitude de l’UNESCO.
En direction du sentier de l’UNESCO
La première partie, en descente, ne présente que peu d’intérêt. Elle recèle de restes de protection pour les skieurs, inutiles en cette saison. Le tout me donne une impression de fin du monde, d’un lieu déserté, abandonné.
Une randonnée alpine
Arrivée au point bas de ce nouveau tronçon, Elselicka (2722 m), je me lance dans la montée sur l’arête du Bettmergrat, ravi de retrouver un paysage plus minéral et plus naturel. Ce sentier des crêtes est maintenant noté blanc-bleu-blanc, soit sentier de randonnée alpine. Inutile donc de te dire de venir ici avec un équipement adéquat !
Le sentier est très facile à suivre, peut-être même le sentier de randonnée alpine le plus facile à suivre que j’ai eu l’occasion de fréquenter. Le sillon du sentier en lui-même n’est pas très facile à repérer : il y a des rochers partout !
Cependant, les losanges de marquage blanc-bleu-blanc ou simplement des traits bleus sont présents partout. Ils t’indiquent exactement où passer avec le moins d’effort possible et le maximum de sécurité.
Tu verras d’ailleurs à plusieurs reprises des inscriptions t’encourageant à rester sur le sentier. Si tu suis cette consigne, bien qu’en terrain de haute montagne, accidenté, ta progression se passera à merveille. Les passages difficiles sont très bien équipés, avec des broches comme points d’appui, des câbles pour te hisser, te stabiliser… Je t’encourage d’ailleurs à regarder la vidéo (à venir tout bientôt), pour te faire une idée du terrain et de voir s’il te convient.
Sur cette balade, une fois de plus, j’estime ne pas avoir choisi le meilleur sens. À mon avis, il est préférable de faire cette boucle dans l’autre sens afin de conserver une vue sur la partie la plus intéressante du Grand glacier d’Aletsch avec une vue sur Konkordiplatz. Je penserai, lors de ma prochaine préparation de course, de tenir compte de ce paramètre.
Ambiance de haute montagne… en sécurité !
La première partie de ce parcours aérien représente une bonne grimpette qui te permet de prendre rapidement de l’altitude. Ah, te retrouver sur une belle arrête comme celle-là participe vraiment d’une ambiance extraordinaire. Il y a, dans ce lieu, une énergie qui paraît surgir du plus profond de la terre et revigorer tout ton être. Quel bienfait !
Je croise quelques randonneurs qui, eux, ont choisi de faire le parcours dans l’autre sens. Tous ont vraiment l’air d’être enchantés de se trouver ici.
Je croise un couple, à la pause, qui a passé deux nuits dans la région. Waouh trois jours de rando dans l’Aletsch Arena, ça me fait rêver !
Nous échangeons quelques mots qui décuplent encore mon énergie. Ah, les relations humaines, quel magnifique amplificateur de bonheur ! Enfin, ça dépend des relations tu vas me dire :-D
Bettmergrat sous la grêle !
Quelques centaines de mètres plus loin, quelques gouttes de pluie commencent à marquer mon t-shirt. Cinq minutes plus tard, le ciel est sombre de tout côté, l’horizon est voilé, les quelques gouttes éparses se sont transformées en orage de pluie et de grêle.
Simplement, j’enfile ma veste imperméable, remonte le capuchon sur ma tête et continue au même rythme que tout à l’heure. Alors même que la situation pourrait sembler stressante, je ressens une paix intérieure très agréable.
Apprécier la beauté de l’instant
En contact avec cette sérénité, je peux véritablement apprécier, à sa juste valeur, toute la beauté de l’instant présent. Au fond de moi je sais que, si la situation se dégrade et que j’ai besoin d’agir, je vais le faire de manière juste, sans me laisser embarquer par la peur.
Il est important de garder ton calme dans ce type de situation, aussi déstabilisante qu’elle puisse paraître. Lorsque la panique s’empare de toi, tu te retrouves en état de sidération, incapable de penser correctement. C’est une situation propice aux mauvaises décisions, par exemple accélérer le pas. Cette décision pourrait être tout à fait contre-productive dans ce terrain devenu glissant. Savoir ainsi garder ton calme est une compétence qui s’entraîne et c’est une excellente alliée dans ta vie de tous les jours.
Rester serein pour apprécier la beauté de l’instant présent !
En traversant le seul névé qui subsiste ici, j’entends un gros coup de tonnerre. Comme l’éclair est demeuré invisible à mes yeux, je suppose que l’orage est encore bien éloigné. C’est le seul coup de semonce que j’entendrais. Heureusement, je t’avoue que l’idée de me retrouver en plein coeur d’un orage sur cette traversée du Bettmergrat ne m’enchantait guère !
Une quinzaine de minutes plus tard, l’averse a perdu en intensité. Mon pantalon est détrempé, je suis mouillé jusqu’au slip ! J’arrive à la hauteur de la croix qui marque presque la fin de ce sentier aérien du Bettmerhorn.
En dessous, tu retrouveras encore quelques passages suspendus dans le vide, à traverser sur d’étroites passerelles en bois. Heureusement qu’il y a, sur le dessus, des croisillons : elles te permettent de garder une certaine adhérence sur ces planches rendues glissantes par les conditions météo.
Bettmergrat et Bettmerhorn
La prochaine étape est l’arrivée à la station amont de la télécabine du Bettmergrat (2647 m) et du restaurant panoramique Bettmerhorn. Tu peux également te rendre directement sur ce lieu, depuis Bettmeralp, en télécabine. Tu peux ainsi bénéficier, sans effort, d’un magnifique panorama sur le glacier d’Aletsch, le premier site des alpes classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
À partir de ce point, tu peux également planifier une très belle balade, direction Moosfluh (2332 m), puis le Blausee (2207 m) avec retour sur Bettmeralp. Idéale en famille. Je l’ai d’ailleurs réalisée il y a deux ans avec mes enfants, nous avons passé une superbe journée. C’est la variante familiale de cette randonnée.
Ici, à quelques mètres du restaurant du Bettmerhorn, tu pourras retrouver une belle vue sur le Grand glacier d’Aletsch. L’accès au point de vue est très bien aménagé, avec une large passerelle de bois pour être accessible à tous. Quelle magnifique ambiance reposante !
Après cette dernière étape, c’est déjà le retour vers Fischeralp pour reprendre la télécabine vers la plaine.
Attention tout de même à bien vérifier l’horaire de la dernière descente, sans quoi tu risques bien de devoir descendre à pied jusqu’à Fiesch !
Informations pratiques
Infos sur l’itinéraire
Une partie de ce tour est classée comme randonnée alpine. Veille donc à bien prévoir le matériel adapté à ce genre de course.
- Le point de départ de la randonnée sur Google Maps (parking de la station aval de la télécabine de Fiesch)
- Pour un accès en transport public (train) : départ de Brig, descendre à l’arrêt « Fiesch, Bahnhof ». Voir les horaires sur le site des CFF.
- Le parcours que nous avons réalisé ensemble dans cet article, sur SuisseMobile
Où manger, dormir… ?
- Restaurant de montagne Horli-Hitta (2868 m), sur le sentier qui mène à l’Eggishorn
- Restaurant panoramique Bettmerhorn (2647 m)
- Divers logements à Fiescheralp et sur l’Aletsch Arena
Grand glacier d’Aletsch : quelques chiffres
La longueur du Grand glacier d’Aletsch est de 23 km, ce qui en fait le plus long fleuve glaciaire des Alpes.
La grande plaine glacée nommée Konkordiaplatz occupe une surface de 86 km2, soit un espace suffisant pour y bâtir une ville telle que Berne ou Genève !
Le poids total de la glace est évalué à 11 milliards de tonnes. Pour te donner un ordre de grandeur , cela représente 72,5 millions de jumbo-jets. Difficilement imaginable, je suis d’accord !
Au niveau de Konkordiaplatz, la hauteur de glace est de plus de 900 m !
Flyer en pdf pour plus d’informations sur le Grand glacier d’Alestch.
En variante à cette randonnée sur le sentier de l’UNESCO
- Depuis Bettmeralp, montée en télécabine jusqu’au Bettmergrat. Panorama sur la Grand glacier d’Aletsch. Retour à Bettmeralp par la moraine, via Moosfluh et le Blausee.
- Depuis Riederalp, montée en télécabine jusqu’à Moosfluh. Vue sur la rivière de glace d’Aletsch. Retour à Riederalp via Hohfluh avec éventuellement une étape à la Villa Cassel. Itinéraire idéal pour une balade journalière en famille.
Nicolas
Encore une très belle échappée, Nicolas , Merci ! Entre ton récit et tes photos on s’y croirait :) . Personnellement une phrase m’a fait vibrer, c’est quand tu écris : « Rester serein pour apprécier la beauté de l’instant présent ! » … tellement bien résumé !! Merci
Nicolas
Merci pour ton commentaire Nicolas. Tu sais, j’adore t’emmener avec moi en balade. Alors si tu apprécies, ça amplifie encore mon bonheur ;-)
Valentine
Magnifique ! Merci de nous emmener en randonnée avec toi :)
Nicolas
C’est un vrai plaisir Valentine, merci à toi pour ton commentaire
Nadia - Miss Copywriting
Super article !
Tu donnes vraiment envie d’aller faire cette randonnée. Non seulement elle est super bien racontée, on s’y croirait, mais en plus tu donnes tous les détails pratiques nécessaires. Avec tout ça, plus de crainte, juste un désir très grand d’aller essayer ! 😊
Nicolas
Merci Nadia pour ton commentaire. C’est vrai que ce sentier de l’UNESCO est une magnifique balade alpine, une des plus belle que j’ai eu l’occasion de pratiquer. Tant mieux si l’article t’a donné l’envie d’y aller 😉