Le bisse du Roh te donne une bonne idée du défi que représentait, à l’époque, l’irrigation des champs en Valais. C’est donc réellement une balade historique que nous effectuons ensemble aujourd’hui. On y va ?
Ok, parfait. Pour cette randonnée, notre point de départ se situe sur la partie ouest de la station de Crans-Montana. Et plus particulièrement au lieu-dit « Plans Mayens ».
Le parking du départ est accessible depuis la bifurcation qui se trouve en face de l’hostellerie du Pas de l’Ours. C’est d’ailleurs un magnifique bâtiment sur lequel je te recommande d’attarder ton regard en passant. Enfin… si c’est pas toi qui conduis !
L’accès en voiture est relativement aisé, avec suffisamment de places de parc à disposition. Il vaut mieux, car cette balade, est très courue, très populaire dans la région. La conséquence : tu risques de rencontrer beaucoup de monde sur l’itinéraire.
Les bisses : balade idéale ?
Il faut dire que les randonnées le long des bisses sont idéales pour les marcheurs, quel que soit leur niveau.
Eh oui, ces itinéraires sont généralement à plat ou avec léger dénivelé. Il n’est dès lors pas nécessaire d’avoir une grande endurance ou de larges capacités physiques pour t’y faire plaisir.
Également, en Valais, comme ce sont des buts de promenade, pour la plupart, assez touristique, les chemins sont généralement très bien aménagés.
Le bisse du Rho : un itinéraire vertigineux ?
Ici, sur le bisse du Roh, tu vas te retrouver sur un sentier relativement aérien, avec des passages qui peuvent, parfois, être un peu vertigineux. Selon ta sensibilité à ce phénomène, bien sûr. Je préfère t’avertir d’emblée afin de t’éviter des désagréments si tu es sujette ou sujet au vertige.
Dans ce cas mieux vaut éviter ce bisse et éventuellement te rabattre sur un autre, moins escarpé. Tu trouveras en effet pléthore de bisses dans la région, notamment le bisse du Tsittoret dont j’ai déjà parlé.
Il y a principalement deux endroits où tu peux parquer. Pour ma part, j’ai choisi la place inférieure. Depuis là, tu peux rejoindre l’itinéraire en passant sur une sorte de passerelle au-dessus d’une brousse d’herbes sauvages. Tu vas arriver au Clébar Palace, second lieu où tu pourras également garer ta voiture.
Le lieu est également accessible en transport public. Depuis la gare de Crans-Montana, tu peux prendre la navette direction Crans Forest et descendre à l’arrêt de bus « Crans-s.-S., Devins ». Je te laisse voir les détails en fin d’article.
Départ au « Clébard Palace »
Bon, pour en revenir à notre rando, j’ai entendu ce terme de « clébard palace » précisément ce week-end, en discutant avec une connaissance qui marche dans la région. Je ne connaissais pas le nom de cette buvette qui fait également pension pour chien.
C’est à partir de cet endroit que tu rejoins le bisse. Et que tu vas pouvoir le suivre, jusqu’au barrage de Tseuzier – ou Lac du Rawil.
Le sentier de randonnée, parallèle au bisse, est vraiment bien aménagé. Avec de nombreuses passerelles parfaitement équipées pour ta sécurité.
À partir du point le plus à l’ouest du parcours, tu peux voir, au loin, le barrage de Tseuzier. Il peut tout à fait représenter le point d’arrivée de cette randonnée. Même s’il paraît très éloigné, comme le sentier suit une pente douce et régulière, tu pourras y être en moins de trois heures. Depuis là, tu pourras, pour le retour, prendre un bus direction Sion ou revenir à pied.
Des passerelles et… du courage !
Et voici déjà les premières passerelles, en bois, suspendues dans le vide.
Elles n’ont l’air de rien, comme ça quand tu passes dessus. Je te laisse cependant imaginer les personnes qui ont aménagé ce type de passage, au XVe siècle !
La technologie de l’époque consistait à faire ramper un ouvrier au bout d’une planche, maintenue en équilibre par un autre ouvrier ou des pierres, posés en contrepoids, à l’autre bout. Le premier ouvrier, penché dans le vide, pouvait ainsi tailler, dans la roche, les points d’ancrage nécessaires à l’aménagement du bisse. Je te laisse imaginer l’exercice !
Et bien, je considère ce bisse, et tant d’autres, comme un hommage à ces pionniers qui ont si activement participé à façonner le Valais d’aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, sur le billet de 100 francs suisses, figure le bisse d’Ayent depuis septembre 2019 ! Tout un symbole je te dis !
Bien aménagé, le bisse du Rho !
Sur le trajet, tu trouveras différents points de repos aménagés. De simple banc à la place de pique-nique 4 étoiles, avec couvert. Quels que soient tes goûts, tu trouveras ton bonheur…
Comme le sentier est très bien entretenu, les passages vertigineux sont bien sécurisés. Il vaut mieux, car certains sont spectaculaires, les falaises vertigineuses. Ces équipements en font une balade privilégiée pour les familles, avec des enfants, même petits.
Bien sûr, il est nécessaire d’être très attentif durant la marche, de bien regarder où tu mets les pieds. Sur le parcours, que je réalise avec mes enfants, nous croiserons de nombreuses familles avec des enfants petits voire même certains encore portés dans le sac à dos. Tu vas me dire que là, au moins, ils ne risquent pas les faux pas :-D
L’itinéraire de ce bisse, s’il est bien plat, reste parsemé de courbes. Et c’est tant mieux, comme une découverte à chaque tournant, qui masque la suite du parcours. Ainsi, la vue s’ouvre, au détour d’un virage, à la portion suivante du parcours.
Je me demande ce qui m’attend là derrière… Quelle sera la prochaine étape ? La prochaine surprise ? J’aime ce genre d’itinéraire sur lequel la découverte est constante. Comme une histoire qui s’écrit au fur et à mesure.
Une passerelle à couper le souffle !
Au détour d’un nouveau plissement du terrain, nous apercevons notre objectif de balade : la nouvelle passerelle aérienne. Celle-ci vient tout juste d’être construite, là en 2019.
C’est un pont suspendu. Il te permet d’éviter une partie de l’itinéraire régulièrement dangereuse en raison d’éboulements.
C’est maintenant l’heure de vérité, la traversée de la passerelle. Si elle ne représente pas de danger en soi, elle reste tout de même bien impressionnante.
La hauteur est telle, qu’elle peut donner une impression de vertige, une sorte de « tourni ». Dans ce cas-là, il vaut mieux maintenir le regard sur l’autre rive, te concentrer sur avancer tout en gardant l’oeil sur un point fixe à l’horizon.
Bien sûr, si tu te sens totalement à l’aise, que tu as envie de ressentir quelques sensations fortes, tu peux regarder vers le bas. Et également profiter du magnifique panorama sur une partie de la plaine du Rhône.
Ici encore, aucun risque de chute, tout est bien sécurisé. Il y a même une rambarde pour te tenir, voir t’agripper, si vraiment tu te sens mal à l’aise.
Et si la passerelle n’est pas très large, il y a tout de même suffisamment de place pour se croiser. Environ à mi-chemin de la traversée, il y a un passage, sur quelques mètres, plus large, pour se croiser dans de meilleures conditions… ou t’arrêter pour admirer le paysage.
De l’autre côté, mon fils de sept ans, est tout fier d’avoir traversé tout seul, comme un grand, sans tenir la main. Ok, il avoue avoir tout de même eu un peu peur. Je trouve qu’il s’en est bien sorti, j’ai même pas remarqué ses craintes.
Sensations fortes garanties…
C’est vrai qu’au milieu, la passerelle bouge tout de même un peu. De quoi procurer de belles sensations et émotions. À proscrire cependant si tu souffres de vertige.
Pour nous, aujourd’hui, la balade s’arrête ici. Si, de mon côté, j’ai bien envie de poursuivre jusqu’au barrage de Tseuzier, mes enfants ne sont pas du même avis. Après un petit pique-nique avec vue sur la passerelle, nous rebroussons donc chemin, direction Plans Mayens et Crans-Montana.
Et c’est bien l’avantage de ce genre d’itinéraire : tu vas jusqu’où tu veux et tu rebrousses chemin quand tu veux ! Et pour la marche jusqu’au barrage, ce sera pour une autre fois !
Informations pratiques
Accès et itinéraire
Passages vertigineux !
Cet itinéraire le long du bisse du Rho présente certains passages escarpés, le long de parois rocheuses abruptes. Bien que ces passages soient bien aménagés, il est sage d’éviter cette rando si tu souffres de vertige !
- Le point de départ de la randonnée sur Google Maps (parking au départ du bisse)
- Pour un accès en transport public : arrêt de bus « Crans-s.-S., Devins ». Voir les horaires sur le site des CFF.
- Le parcours que nous avons réalisé ensemble dans cet article, sur SuisseMobile (uniquement aller, le retour s’est fait par le même itinéraire)
Où boire un verre, te restaurer ?
- Buvette Clébar Palace (1570 m), située au départ du bisse du Rho, juste à côté du parking
- restaurant du barrage de Tseuzier (1777 m), si tu pousses ta balade jusqu’au Lac du Rawil.
Infos sur la passerelle du bisse du Rho
La passerelle piétonne du bisse du Rho – passerelle du Noir – a été construite entre mai et octobre 2019. Elle a permis de sécuriser un tronçon jusqu’alors sujet aux chutes de pierres, au lieu-dit « Dévaloir du Noir ».
La passerelle représente l’aboutissement d’un projet initié en 2011 dont l’objectif principal était la remise en eau d’une partie du bisse et la sécurisation de l’ensemble de l’itinéraire. Avec également une volonté forte de préserver l’aspect patrimonial de cet ouvrage historique.
Ce projet a été porté par l’Association des communes de Crans-Montana (ACCM) et Crans-Montana Tourisme & Congrès (CMTC).
Un travail de longue haleine, mené depuis 2013 jusqu’à aujourd’hui. Le résultat visible aujourd’hui valait cependant que ce défi soit relevé.
Hommage aux constructeurs du bisse
Voici un texte que j’ai trouvé sur l’un des panneaux didactiques du bisse du Rho.
La construction des bisses était un travail périlleux. Les rochers en constituaient le principal obstacle. Au XIIe siècle, ceux-ci semblaient vraiment infranchissables. Sans explosif, sans machine et sans appareil technique, les habitants de ce pays vinrent cependant à bout des difficultés les plus redoutables. À cela s’ajoute le fait que seuls les matériaux disponibles sur place pouvaient être utilisés : le bois, le roc et la terre.
Ce travail à haut risque, les constructeurs l’accomplissaient en adressant à Dieu, tel un véritable acte de foi, les paroles suivantes : « Dieu bénit le travail et protège ceux qui l’aiment ».
Bref historique du bisse du Rho
Taillé dans la roche durant la première moitié du XVe siècle, le bisse du Ro captait les eaux de l’Ertinse. Cette eau alimentait un répartiteur qui la distribuait soit en direction de Montana et Chermignon, soit en direction de Lens et Icogne.
En général, le lit du bisse était emménagé directement dans le sol ou dans la roche. Toutefois, pour franchir les parois trop escarpées, on devait avoir recours à une technique différente. On pratiquait dans la roche des trous destinés à recevoir une poutre en bois de mélèze, appelé le « boutzet ».
Celle-ci supportait le chénau ainsi que la planche servant au passage du gardien. Ce travail était périlleux et se faisait par étapes. On avançait tout d’abord une planche dans le vide en la chargeant de pierres qui faisaient office de contrepoids. Sur cette planche, l’ouvrier taillait progressivement les niches dans la roche et y enfonçait un « boutzet ». La pente se calculait en faisant couler un peu d’eau dans le chénau.
Véritable source de vie pour ces communes, le bisse du Rho a été entretenu avec minutie par les villageois jusqu’en 1946. À partir de cette date, l’acheminement d’eau allait être assuré par un tunnel creusé sous le Mont Lachaux.
Plus tard, la société de développement de Montana a décidé de prendre en charge l’entretien de la partie supérieure de ce bisse afin de conserver cet itinéraire accessible aux touristes et randonneurs. Pour notre plus grande joie !
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