Je te retrouve aujourd’hui sur une randonnée de printemps : le Tour des Muverans. Il s’agit d’un magnifique trekking, sur 3 jours, dans les Alpes Suisse, entre les cantons du Valais et Vaud.
Cette course de montagne me permet de te parler de quelques précautions à prendre en randonnée de printemps… et même un peu au-delà de cette saison !
De la neige sur le parcours
Une partie de ce tour se déroule entre 2000 et 2500 m d’altitude. C’est plutôt une randonnée qui s’effectue à mi, voire fin d’été. Actuellement, fin mai, il y a donc encore passablement de neige sur le parcours. Ce qui transforme cette randonnée relativement aisée en été, en course de haute montagne avec quelques précautions à prendre.
Une excellente occasion pour te parler du risque que peut représenter ce type de terrain enneigé en montagne. Et, surtout, du matériel à prévoir pour éviter de te mettre en danger en randonnée de début de saison estivale.
Le printemps, saison à risque ?
Quand tu pars en rando d’hiver, tu sais à quoi t’attendre. En rando de printemps, la neige peut cependant encore être présente et c’est parfois une surprise. Bon, là ce n’était pas vraiment le cas.
J’imagine qu’à la sortie de l’hiver, tu as, toi aussi, envie d’enfiler tes chaussures de randonnée et de t’élancer sur les hauteurs. C’est vrai que, avec le retour des premières chaleurs, ça donne envie de monter en altitude, de retrouver l’ivresse des sommets… Qu’en penses-tu ?
Et c’est bien là que tu peux te retrouver dans un terrain à risque. Notamment lorsque la neige est dure comme de la pierre, comme celle que je rencontre ce matin.
Donc, quelles précautions prendre pour que ce terrain de jeu reste agréable ? Pour éviter tout accident et rentrer en un morceau à la maison ?
En sécurité avec des bâtons de marche ?
Au cours de mes randonnées, je vois souvent – et de plus en plus – des randonneurs équipés de bâtons de marche. C’est vrai qu’ils représentent une aide merveilleuse pour te stabiliser et te soutenir dans l’effort. Enfin, c’est ce que j’entends, personnellement j’en utilise très peu.
Et qu’en est-il des bâtons de marche dans des conditions de printemps, sur de la neige dure comme aujourd’hui ? Et bien, de mon point de vue, ce n’est pas un équipement adapté à ce type de condition !
Alors oui, à plat, en terrain facile, encore une fois, c’est une très bonne aide à la marche. Dès que les conditions deviennent un peu plus difficiles, sois bien conscient que les bâtons de marche ne sont pas des outils de sécurité.
Pire que ça, ils peuvent tout à fait te donner un faux sentiment de sécurité. Je m’explique. Armé de tes bâtons, tu peux facilement avoir l’impression d’être beaucoup plus stable et, du coup, de te sentir à l’aise dans des passages un peu exposés.
Ok, ça c’est très bien. Maintenant, qu’en est-il si, dans la pente, tu fais un faux pas, que tu perds l’équilibre et chute ? Et que là, dans la pente, tu commences à glisser, sur cette neige dure et lisse ? Comment vas-tu faire, avec tes bâtons pour ralentir ta glissade, voir la stopper ? Ça me paraît difficile !
Utiliser le bon outil au bon endroit
Entendons-nous bien : loin de moi l’idée de vouloir dénigrer les bâtons de marche. La question est de rester conscient des risques et d’utiliser le bon outil au bon endroit.
L’outil adapté à la traversée des névés en dévers, ça reste le piolet. C’est un outil qui est pensé pour ce genre de terrain. C’est d’ailleurs mon outil de prédilection en montagne.
Le piolet multifonctions…
Il présente beaucoup d’avantages qui vont dans le sens de la sécurité. Il est d’ailleurs tout à fait complémentaire aux bâtons de rando.
Te stabiliser
Le premier avantage c’est que tu peux l’utiliser comme une canne. Ok, il n’est pas aussi pratique que les bâtons pour marcher. Tu peux cependant l’utiliser dans les dévers, pour te stabiliser. Il te suffit de le tenir du côté amont de la pente. Même un piolet court te permet de te stabiliser dans ce type de situation.
Enrayer une chute
Et, surtout, en cas de chute et de glissade, tu pourras l’utiliser, du côté lame, pour stopper ta chute, quelle que soit la dureté de la neige. Dans certains passages exposés, cet atout devient vital !
Tailler des marches dans la neige
Le troisième avantage du piolet, c’est la partie panne. Celle qui se trouve à l’opposé de la partie lame. Cette partie-là te permet de tailler des marches dans la neige.
Imagine, tu te trouves face à un névé à franchir. La neige est dure. Tellement que tes chaussures n’y font qu’une toute petite marque. Pas très rassurant de traverser un tel endroit, même si c’est juste sur quelques mètres, qu’en penses-tu ?
Eh bien, avec la panne de ton piolet, tu peux tailler des marches sur lesquelles tu vas pouvoir prendre appui pour progresser. Elle est pas belle la vie ?
Traverser un névé en sécurité
Bon, sur ce Tour des Muverans, il y a de grandes parties enneigées, donc c’est assez évident d’emporter du matériel adapté à la neige. Je savais à peu près à quoi m’attendre avant de partir.
Parfois, tu peux cependant te retrouver, même à fin juin, à devoir traverser un névé isolé. Et ils se trouvent souvent en terrain escarpé. Dans ce cas, ça peut être chaud de les traverser. Et je parle d’expérience ! Bien souvent j’aurais aimé avoir emporté un piolet :-D
Bon, il y a bien un petit truc que j’ai découvert pour traverser un névé, sans piolet et en relative sécurité. Tiens, je crois même que j’ai une vidéo sur le sujet, je vais aller reluquer dans mes archives. Cette petite astuce m’a servi à de nombreuses reprises. Je me souviens notamment l’avoir utilisée à plusieurs reprises sur le Tour du Ruan, pourtant à la mi-juillet !
Ok, ça reste une solution de secours, une sorte de bricolage. Elle ne remplace pas complètement l’emploi du piolet. Pourtant cette astuce m’a permis de bien m’en sortir dans des situations périlleuses. Bon, promis, je publie cette vidéo dans les 10 jours !
Bon, comme tu le vois en pratique, tu peux te retrouver à traverser des langues de neige même au mois de juillet. Voir plus tard selon l’altitude, évidemment.
Donc, le piolet, pour moi, c’est l’élément utile à emporter sur ton sac à dos.
Second matériel de sécurité indispensable
Maintenant, le second élément qui peut vraiment s’avérer utile, ce sont les crampons. Bon, le titre indispensable est peut-être un peu fort. En rando je dirais plutôt qu’ils peuvent être très utiles.
En général, si tu n’en as pas, tu peux trouver les moyens de faire autrement. Disons qu’ils t’apportent un vrai confort et une réelle sécurité. À condition de savoir t’en servir, bien sûr. Je t’encourage pour cela à t’entrainer avant de te retrouver dans une situation critique, en commençant sur un terrain facile. Bon, c’est pas le sujet du jour, j’y reviendrai.
Gagner du temps, conserver tes forces
Donc, si je prends l’exemple, encore une fois, de ce Tour des Muverans, les crampons m’ont vraiment permis de gagner du temps. Et également d’éviter de dilapider mes forces inutilement.
Je m’explique : lorsque tu commences à glisser, ou simplement que tu crains de glisser, que tu dois être beaucoup plus attentif à chaque pas, et bien c’est de l’énergie que tu dissipes. Énergie qui aurait pu être utilisée à progresser plutôt qu’à récupérer ton faux pas. Bon j’exagère un peu, j’imagine cependant que tu saisis l’idée.
L’autre avantage que j’ai pu voir en marchant avec des crampons, c’est que tu as plus de liberté quant à l’itinéraire. Avec tes seules chaussures, tu vas regarder de privilégier le terrain sans neige ou éviter les pentes un peu plus fortes. Avec tes crampons, tu peux passer partout et, du coup, choisir vraiment le terrain, l’inclinaison qui te semble le plus adapté. Tu peux également décider de progresser de manière beaucoup plus régulière, par exemple en faisant de longues traversées.
Basé sur des expériences vécues
Bon, voilà, ce sont ces quelques expériences vécues sur cette course de printemps et de multiples fois auparavant, que j’avais envie de partager avec toi.
Alors, je ne cherche pas à tout prix à te convaincre. Peut-être, juste te donner l’envie d’essayer !
Piolet-crampons : un couple inséparable ! Pourquoi ?
Bon, te dire encore que si tu prends des crampons, tu dois prendre un piolet. Dans ce sens, c’est un couple inséparable.
Donc, soit piolet tout seul, ça c’est ok. Soit tu as des crampons et, à ce moment-là, tu prends un piolet également.
Pourquoi ? Simplement, si, suite à un faux pas, tu chutes avec tes crampons dans une pente, tu vas commencer à glisser également. Et là, si tu penses pouvoir utiliser tes crampons pour t’arrêter… ah non, ne fais pas ça !
Si, dans ta glissade, tu plantes tes crampons dans la neige, pour peu que tu aies un peu de vitesse, tu vas faire une belle cabriole… sans arriver pour autant à t’arrêter. Tu risques de dévaler la pente en faisant des tonneaux !
Donc, si tu trébuches et commences à glisser avec tes crampons, tu auras besoin de ton piolet pour t’arrêter.
Oui, je sais, c’est un peu théorique tout ça. Dès que j’en ai l’occasion, je te prépare une vidéo pour illustrer toutes ces belles théories, promis.
Savoir renoncer demande du courage !
Bon, l’élément à retenir, ici, c’est vraiment de faire preuve de prudence en rando de printemps. Et, plus généralement, en d’autres saisons, sur les névés. Emporter un piolet et des crampons peut être une excellente idée… si tu sais un minimum t’en servir.
Si une situation te paraît trop à risque, savoir renoncer est également une bonne idée. C’est même souvent une forme de courage lorsque ton ego te pousse à traverser alors que tu « ne la sens pas du tout ».
Et, encore une fois, le fait d’emporter un piolet n’exclut absolument pas le fait d’emporter également tes bâtons de marche. Ce sont deux outils parfaitement complémentaires.
Bon, je reviendrai sur l’utilisation du piolet et des crampons. Enfin… si ce sont des sujets qui t’intéressent. C’est le cas ? Dis-le-moi en commentaire…
Carole
Top cet article/vidéo Nicolas.
La sécurité est vraiment importante dans la nature parce qu’il ne faut pas oublier qu’on est tout petit.
Et puis quand cette question est réglée, on peut vraiment s’amuser ensuite et profiter à fond !
Belle journée
Nicolas
Oui, à la fois tout petit et tellement graaaaands !
D’accord avec toi, un peu de marge de sécurité permet de randonner vieux !
Toute belle journée à toi aussi…
Nicolas
Très bons tous ces conseils merci ! La sécurité est la première chose à prendre en compte c’est certain!! Merci pour tous ces rappels 😊😊
Nicolas
Oui, c’est vrai que ça reste utile de prêter attention à notre sécurité en rando, c’est sûr. Merci pour ton commentaire, Nicolas