Suite aux aventures vécues avec Éric lors de la randonnée au Lac de Soi, tu te demandes peut-être comment s’est passée sa nuit. A-t-il survécu à ce bivouac à la belle étoile, à 2250 m d’altitude, sans sac de couchage ? Tu vas le découvrir dès maintenant…
Se préparer pour avoir chaud
Bon, je te rassure tout de suite, Eric va bien !
Afin de mettre toutes les chances de son côté pour passer, dans les meilleurs conditions, cette nuit de défi, il se prépare au mieux pour avoir bien chaud.
Premier point positif, il peux dormir sur un bon matelas de sol : mon Therm-a-Rest NeoAir Xtherm. Être bien isolé du sol peut faire déjà une grande différence dans ce type de situation.
Heureusement, il a emporté avec lui suffisamment d’accessoires pour bien isoler sa tête et sa nuque du froid : bonnet, cagoule, tour de cou. C’est également un point important, car la tête est une zone fortement vascularisée. Nous perdons donc une grande partie de notre chaleur par cet endroit. Il est donc important de la protéger en priorité lorsque tu veux maintenir ta chaleur corporelle.
Pour ma part, grâce à ma checklist, j’ai pensé à emporter mon sac de couchage. Je prête donc la majorité de mes vêtements à Eric. Une fois équipé, il ressemble au bonhomme Michelin 😂
J’ai froid !
Malgré tout cet équipement, mon compagnon de bivouac a tout de même eu froid durant la nuit. Vers 3h du matin, je l’entend bouger. C’est sûr, il ne dort plus. Lorsque je lui demande si tout va bien, j’obtiens comme réponse un faible « j’ai froid ! »
Bon, ok, s’en est assez. Je décide de prendre le relais. Comme tu le sais certainement, généralement, plus le moment du levé de soleil s’approche, plus les températures rafraîchissent. Si Eric a froid à 3h, je n’imagine même pas dans quel état il sera à 5h.
Lorsque je lui propose de prendre sa place, sa réponse positive fusent immédiatement, contrairement à la veille ou la proposition ne l’intéressait guère. J’abandonne donc la douce chaleur de mon sac de couchage pour relever le défi du bivouac de survie…
Relever le défi du bivouac de survie…
Je le prends comme un test. Je suis curieux de savoir si je vais arriver à garder mon corps au chaud en utilisant les techniques que je connais. Enfin… que je connaissais… Elles datent de l’époque de mon école de sous-officier, à l’armée. J’ai eu la chance d’avoir un instructeur féru de survie qui nous a transmis quelques connaissances de base dans ce domaine… et bien d’autres 😉
Pour le coup, je ne suis pas bien sûr de m’en souvenir. J’espère que oui, mes trois prochaines heures de sommeil en dépendent !
Une fois confronté à la situation, je retrouve rapidement les bons gestes, les bons réflexes, presque avec instinct. Premier point rassurant !
En appliquant ces quelques principes simples, je peux dormir sereinement et en restant bien au chaud, jusqu’au petit matin. À tel point que, lorsque je me réveille, je suis surpris de constater qu’il fait déjà jour. Le temps s’est écoulé bien plus vite que je ne l’aurais imaginé. J’ai donc dormi et bien dormi. Top !
Astuces à appliquer pour dormir dehors… sereinement
Donc oui, il y a bien quelques astuces que tu peux appliquer pour avoir chaud en bivouac, que ce soit de survie ou non.
Les quelques conseils qui vont suivre s’appliquent donc parfaitement si tu dois dormir dehors, sans sac de couchage. Ils s’appliquent également en bivouac ou en camping lorsque tu as tout ton matériel et qu’il fait frais. Ou alors que ton matériel est un peu léger par rapport à la fraicheur de la nuit.
Le principe de base pour avoir chaud en bivouac
Le principe de base est assez simple : t’isoler des conditions extérieures afin de garder un maximum de chaleur près de ton corps.
Quand je parle de conditions extérieures, il s’agit principalement des conditions météorologiques : le froid, le vent, éventuellement les précipitations. Il s’agit également de t’isoler au mieux du sol.
En cas de précipitation, de pluie, de neige, de grêle, le mieux, pour ne pas dire l’indispensable, est évidemment de te trouver un abri. C’est valable également pour le vent. J’aime bien, durant mes randonnées, repérer de potentiels abris de fortune tout au long du chemin. Plus par jeu que par anticipation. À force, c’est devenu une sorte de réflexe.
Repérer les abris potentiels : un bon réflexe à adopter
Cela m’a été utile à plusieurs reprises, notamment alors que je faisais un bivouac au col des Perris Blancs (2544 m), situé sur le parcours du Tour des Muverans. Après avoir profité d’un magnifique couché de soleil, le temps s’est dégradé durant le nuit. Il s’est mis à pleuvoir. Quelques petites gouttes insignifiantes pour commencer.
J’avais repéré un abri 5 minutes à pied en-dessous du col. J’ai pris la décision de m’y rendre lorsque la bruine a commencé à se transformer en averse.
J’ai pu trouver refuge dans ce lieu improbable, à près de 2400 m d’altitude. L’abri était une sorte de dortoir abandonné, construit dans une caverne. Et il y avait là une excellent surprise : une sorte de litière de paille sur laquelle j’ai pu me coucher. Je me suis ainsi endormi, bercé par la douce mélodie de la pluie, tout en restant bien au sec. Ça reste une des meilleurs nuit que j’ai passé en montagne 😂
Si tu ne trouves pas d’abri aussi luxueux, tu peux te contenter d’une grotte, d’un surplomb ou de tout autre endroit qui offre un minimum de protection.
C’est ainsi dans une anfractuosité de rocher que j’ai attendu la fin d’un violent orage au lac de Téné (2440 m), alors que je faisais le Tour du Wildhorn sur plusieurs jours. Même un petit abri est le bienvenue dans ces conditions 😉
T’entraîner à repérer les abris est un bon réflexe à adopter. Lorsque tu anticipes également comment t’y rendre, te permet de prendre une décision plus facile, plus rapide, lorsque surviennent les premières gouttes de pluie. Cela évite de prendre la décision de chercher un abri alors que tu es déjà trempé !
Une protection au sol à improviser
Ok, maintenant que tu as un abri sur la tête, il est temps de penser à t’isoler du sol.
Si tu n’as pas emporté de matelas de sol, tu peux en improviser un avec des branches d’arbres, une bonne couche de feuilles mortes, des herbes sèches ou tout ce que tu peux trouver d’isolant. En montagne, c’est souvent une tâche délicate !
Les rochers, chauffés par le soleil en journée, diffusent une certaine chaleur qui est très agréable. S’y coucher est cependant plutôt… inconfortable. À toi de voir selon ton degré de tolérance.
Personnellement, il m’est arrivé de dormir sur des rochers un peu en-dessus de la cabane de de la Dent Blanche, à près de 3800 m d’altitude. Si je ne la retiendrais pas comme ma meilleure nuit d’altitude, j’ai tout de même réussi à trouver le sommeil, contrairement aux collègues qui m’accompagnaient au sommet et qui n’ont, de leur dire, « pas fermé l’oeil de la nuit ». Comme quoi, c’est avant tout une question personnelle.
Afin de t’isoler du sol, tu peux également prévoir de surélever tes jambes en les posant sur du matériel que tu trouves dans ton sac à dos. Et éventuellement improviser un coussin s’il te reste du matériel disponible.
Si tu n’as vraiment rien sous la main, tu peux au moins utiliser une couverture de survie, pour autant que tu en ai emporté une. Elle t’isolera quelque peu du froid et également de l’humidité, ce qui est toujours bon à prendre.
Des extrémités au chaud… même sans gants
L’étape suivante consiste à protéger tes extrémités : tête, mains et pieds.
Pour la tête, comme dit plus haut, c’est la partie à protéger en priorité.
Comme elle est fortement vascularisée, une grande partie des déperdition thermique s’y produisent. C’est donc le moment d’enfiler le bonnet que tu as emporté et de remonter le capuchon de ta doudoune. Ce dernier présente également l’avantage de bien protéger ta nuque. Le capuchon de ta veste imperméable vient compléter le tout et te protège du vent ou autres courants d’air frais.
Assure-toi d’emporter le matériel de base
Oui, en montagne, c’est le matériel de base qu’il est intéressant d’emporter, même en été, lorsqu’il fait chaud en plaine. En altitude, c’est souvent une toute autre histoire…
Pour être sûr d’avoir les basiques dans ton sac dos, préparer ton matériel sur la base d’une checklist s’avère une excellente idée !
Protéger tes mains
Pour protéger tes mains, enfile bien sûr tes gants. Pour autant que tu en ai pris. Là aussi, je les considère comme un indispensable que j’emporte également en été lorsque je vais en altitude.
Pour protéger tes mains de la fraîcheur ambiante, tu peux également les caler entre tes cuisses, sous les aisselles ou derrière la nuque. À choix selon ta position et tes préférences. Tes mains profiteront ainsi de la chaleur de ton corps. Elles resteront bien au chaud, même si tu n’as pas de gants !
Des pieds bien au chaud
Pour avoir chaud au pieds, tu peux laisser tes chaussures. Elles te protégeront du froid, des courants d’air, du vent… Attention cependant d’éviter de trop serrer tes lacets. Cela a pour effet de couper ta circulation sanguine. Et, pour garder tout ton corps au chaud, tu veux absolument que ton sang circule de manière fluide et limpide.
L’autre astuce que j’utilise pour protéger mes pieds des conditions extérieures ?
Simple : je vide le contenu de mon sac et enfile mes pieds dans mon sac à dos, avec les chaussures. Voila encore une protection efficace contre le vent. De plus, ton sac va réduire les déperdition de chaleur et conserver un maximum de ta chaleur corporelle.
Sur le principe, moins tu dissipe de chaleur dans l’environnement, moins moins tu as besoin d’en produire pour te tenir au chaud. C’est tout bénéfice ! C’est exactement le même principe que tu retrouves pour un bâtiment : mieux tu l’isoles et le protège des courants d’air, moins tu as de déperditions et moins tu as de frais de chauffage 😉
Protéger les organes vitaux
Maintenant que tes extrémités sont bien protégées, il reste à isoler la partie centrale de ton corps ainsi que tes jambes.
Il s’agit là d’enfiler tous les vêtements dont tu disposes. En t’habillant, veille à bien croiser les couches. Une couche t-shirt, tout proche de la peau. Par dessus, ton slip ou ta culotte, recouvert par un pull ou ta doudoune, en couche croisée. Idem pour ton pantalon, lui-même recouvert par ta veste en superposant bien les couches.
Bon j’imagine que tu as bien compris le principe, sinon jette un oeil à la vidéo de cet article, ce sera certainement plus clair. Bien croiser les couches permet d’éviter les déperdition au niveau des jonctions entre deux couches. Ce sont souvent des endroits critiques pour laisser pénétrer le froid. Je suis certain que tu as déjà pu en faire l’expérience !
Pense également à bien croiser les couches entre le bout des manches et tes gants. Éventuellement en ajustant avec le scratch si ta veste en possède un. Là encore, comme pour les chaussures, sans trop serrer afin de conserver une circulation sanguine fluide.
Si tu portes une doudoune en plume, veille également à ne pas trop la compresser. C’est en effet la couche d’air autour des plumes qui va servir à t’isoler. En la compressant, tu perds cet effet isolant.
Comme dernière couche, une fois en position pour la nuit, tu peux ajouter une couverture de survie. Ou, si tu l’as prévu, un sac de bivouac ou un sac de secours. Tu peux également trouver des bivanorak : à la fois veste, poncho ou pèlerine de pluie et sac de bivouac de secours.
Quelque soit ce que tu as sous la main, cet élément ajoute une couche de protection supplémentaire par rapport au froid, à l’humidité et au vent.
En position de survie !
Adopte ensuite une position qui te permet de garder un maximum de chaleur au niveau de la partie centrale de ton corps. En général, la position en chien de fusil convient parfaitement. Elle consiste à dormir recroquevillé, en ramenant tes genoux en direction de ton buste.
Peut-être as-tu remarqué que c’est la position dans laquelle tu te mets instinctivement, lorsque tu commence à avoir froid ? Ici, autant l’adopter dès le début, afin de conserver un maximum de chaleur.
Orienter le mental : le point clé !
Après ces points techniques, qui ressemblent à une checklist de points à vérifier, passons à l’aspect mindset ou état d’esprit .Le mental va compter pour une large part dans ta survie… ou au moins entre une nuit confortable et infernale.
Comme tu le sais certainement, ton système a tendance à produire davantage de ce sur quoi tu portes ton attention. Certaines personnes appellent ça la loi d’attraction, mais peu importe son nom. Toujours est-il que lorsque tu te concentres sur les zones dans lesquelles tu as une sensation de froid, toutes tes pensées sont orientées vers l’aspect « froid ».
Au bout de quelques instants sous cette emprise, tu commences à ressentir du froid dans ton corps tout entier. Du coup, tu focalises encore plus sur le froid et c’est le cercle vicieux.
Maintenant que tu connais cette règle, il est relativement facile de l’utiliser à ton avantage. Pour avoir chaud, concentre-toi sur les zones de ton corps dans lesquelles tu ressens de la chaleur ! C’est aussi simple que ça !
Durant mes quelques heures de bivouac, je ressentais bien de la fraîcheur au niveau du bas du dos, la partie la moins bien protégée. Cependant, j’ai gardé mon attention focalisée sur mes organes vitaux qui, de leur côté, étaient bien au chaud.
Alors non, ce n’est pas magique. Plutôt que de me croire sur parole, je t’encourage à en faire toi-même l’expérience la prochaine fois que tu penses avoir froid. Essaie le focus sur l’un et l’autre et constate par toi-même la différence… s’il y en a une… 😂
Partage ton expérience en bivouac de survie
Voilà les quelques astuces qui m’ont permis de passer une nuit agréable en bivouac, sans sac de couchage.
Si tu as également eu ce type d’expérience, que tu en as tiré des leçons ou testé des techniques qui fonctionnent, partage-les ci-dessous, dans les commentaires. Cela peut grandement servir aux membres de notre communauté qui sauront apprécier tes partages à leur juste valeur.
En résumé, pour avoir chaud en bivouac…
Voici encore, en résumé, les techniques qui te permettront d’avoir chaud, que ce soit pour une nuit improvisée, en bivouac de survie, lors d’une nuit à la belle étoile ou encore en camping avec un matériel un peu léger.
- Trouve un endroit pour t’abriter du vent et des précipitations.
- Isole-toi du sol avec un tapis de sol ou autre moyen improvisé.
- Protège tes extrémités : tête, mains et pieds.
- Conserve au chaud la partie centrale de ton corps.
- Garde ton attention focalisée sur un endroit chaud.
Le plus simple, pour être sûr d’avoir chaud en bivouac, c’est d’emporter tout ton matériel et un matériel qui soit bien adapté à ton activité et aux conditions extérieures. Pour cela, participe au programme gratuit de préparation à la randonnée. J’y partage mes techniques de préparation d’une randonnée ainsi que la checklist matériel pour être sûr de ne rien oublier.
Le bonheur d’une nuit à la belle étoile
Bon, finalement, avec cette première expérience, Eric n’a pas eu l’occasion de tester le bonheur d’une nuit confortable à la belle étoile. Cela reste une frustration à remplacer par une expérience positive.
Nous décidons donc de partager une seconde randonnée, dans la région du Valais central, au-dessus de Savièse, avec une nuit du côté du Prabé. Mais c’est une autre histoire… tout bientôt dispnible…
Laisser un commentaire