Bon, ce week-end, je suis chaud pour faire une expérience dans le froid.
Si tu as déjà fait du bivouac en période estivale, tu sais combien il peut être important, selon la situation, de bien amarrer ta tente. Simplement histoire d’éviter qu’elle se déplace toute seule durant la nuit ;-)
Durant l’été, c’est assez facile. Il te suffit de bien planter tes sardines au sol.
En période hivernale, sur la neige, la question est un peu différente. Le terrain, recouvert de neige, présente bien moins de résistance. Difficile donc d’y faire tenir une sardine standard.
Ainsi, le risque augmente d’avoir une tente mal amarrée. Et ainsi de devoir te lever plusieurs fois pendant la nuit pour retendre tout ça. Avec un air extérieur bien frais, je te laisse imaginer la galère… Mieux vaut donc partir sur une bonne base, directement au montage.
Quelle efficacité des ancrages sur neige ?
C’est donc ce type d’ancrage, sur neige, que je souhaite expérimenter ce week-end. Avec quelques questions en tête : quelles sont les différentes possibilités d’ancrage en hiver ? Et quelle est l’efficacité de chaque type d’ancrage ? Pour y répondre, quoi de mieux qu’une expérimentation sur le terrain ?
Ok, tout d’abord faire un choix. Je vais me concentrer pour l’instant sur un type de terrain : la neige fraîche. Ça me semble en effet le terrain le plus délicat. Et celui sur lequel je n’ai que peu d’expérience.
Il y a quelques années, j’ai bien testé l’utilisation de corps morts.
Tu sais, c’est une technique qui consiste à passer une cordelette autour d’un objet que tu enterres ensuite dans la neige. Pour peu que l’objet présente une surface, et donc une résistance suffisante lors de la traction sur la cordelette, te voilà avec un amarrage.
Pratique pour faire du sauvetage en crevasse, une descente en rappel ou ancrer une tente… Voilà, c’est ma seule expérience qui s’approche un peu de ce que je souhaite faire ce week-end. C’est donc sur ce principe que seront basés les essais du jour.
Ok, je t’emmène donc avec moi, en ski de rando, à la recherche d’un terrain d’exercice propice. Et je trouve mon bonheur, dans un endroit magnifiquement ensoleillé. Eh oui, autant profiter à fond de ce temps radieux !
Bon, l’étape suivante consiste à préparer une plate-forme de neige tassée. Exactement comme si tu préparais le terrain pour y installer ta tente. Pour cela, il te suffit de damer avec tes skis, raquettes, avec les pieds… Bref ce que tu as sous la main… enfin sous les pieds !
Après quelques efforts, tu te retrouves donc avec une surface plus ou moins plane de neige compressée. C’est un excellent début.
Comme je te le disais un peu plus haut, pour faire tes ancrages, tu vas avoir besoin de cordelettes et de mousquetons. La cordelette pour prolonger ton corps-mort hors de la neige. Et le mousqueton pour relier ta cordelette à ce que tu souhaites amarrer : base de la tente, haubans… Bon, on verra ça plus en détail dans un prochain article.
Tu peux bien sûr préparer tes bouts de cordelette sur le terrain, comme je le fais aujourd’hui. Il te faut pour cela un couteau et un briquet.
Le mieux reste bien sûr de les préparer avant le départ en rando afin d’avoir du matériel directement utilisable sur site. C’est tout de même plus confortable. Enfin, pour l’exercice, je vais le faire sur le terrain. Je prépare quelques cordons de 1.5 à 2 m de long.
Ok, maintenant, qui dit manipulation de cordelette, dit connaissance des noeuds. Oh, rien de bien compliqué, rassure-toi. Juste quelques noeuds de base. Tu vas rapidement les assimiler, tu verras.
Le premier que je te propose t’apprendre (si tu ne le connais pas déjà) est le noeud d’amarre. S’il n’y avait qu’un seul noeud à connaître, ce serait bien celui-là. Tu verras qu’il te servira à de multiples reprises dans tes aventures outdoor. Si tu ignores comment faire ce noeud d’amarre, je vais rapidement ajouter un vidéo qui t’explique tout ça pas à pas.
Le second noeud intéressant à connaître est le noeud de huit. Il est relativement simple à faire. Tu peux le maîtriser en quelques minutes en suivant les indications de la vidéo juste en dessous. Je la poste rapidement, promis !
Quelques types d’ancrages testés
Ok, maintenant que tu es à l’aise avec les noeuds (oui oui, ça vaut la peine de les pratiquer, tu as tout à fait raison), découvrons une première série d’ancrage. Nous allons les découvrir ensemble.
Ces tests seront illustrés par une vidéo… qu’il me reste à monter. En attendant, voici déjà les explications et quelques résultats de ces essais.
1er test : sardine estivale à 45°
C’est la variante avec les sardines que tu utilises en été. Tu plantes simplement une sardine standard à la verticale… enfin, à 45°.
Comme tu peux t’en douter, c’est pas super solide. Éventuellement, pour un bivouac sans vent et si tu n’as rien d’autre sous la main, ça peut le faire. Dans ce cas, veille à bien placer ta sardine à 45° (voir plus selon la dureté de la neige), à l’enfoncer sous la neige et à tasser un peu.
Bon, c’est tout de même une option risquée. Voyons si on peut faire mieux.
Et une sardine à l’horizontale ?
Pour ce test, tu passes ta cordelette, avec un noeud d’amarre, au centre de la sardine. Tu vas cette fois l’enterrer en position horizontale, en prévoyant un espace dans la neige pour laisser dépasser la cordelette. Et ainsi la raccorder à ce que tu veux.
Si le test que j’ai pu faire ce jour-là n’est pas très concluant, j’ai dans l’idée que cette option pourrait être intéressante. Peut-être en tassant davantage.
Toujours est-il que la surface de la sardine reste faible. Elle offre donc peu de résistance à la neige. Comme il est difficile de mettre le noeud bien au centre, la sardine a tendance à vriller et, dès lors, à glisser plus facilement hors du manteau neigeux.
Peut-être quelques tests à poursuivre…
Ancre à neige vs sardine ?
Là où la sardine offre une petite surface de contact avec la neige, l’ancre à neige en offre une beaucoup plus grande. C’est le principe : le pendant hivernal aux sardines estivales.
Avec ce type spécifique de sardine, l’ancrage en neige peu dense est bien meilleur. Cet équipement est cependant plus lourd, plus encombrant. Bon, en même temps, si ça te permet de passer une bonne nuit…
Tu peux donc utiliser ces ancres comme des sardines, soit à la verticale (45°), soit à l’horizontale, enterrée. Tu peux simplement choisir en fonction de l’état de la neige et de la solidité que tu veux obtenir.
Tu vas l’utiliser à la verticale avec de la neige compacte ou tassée. Dans ce cas de figure, tu peux l’utiliser comme une sardine estivale classique, enfoncée à 45° dans le terrain (neige).
La position horizontale, quant à elle, est plus adaptée à une neige plus légère. L’utilisation est un peu similaire à celle de la sardine standard, à la différence qu’il y a des trous dans l’ancre pour y passer ta cordelette.
Il s’agit donc, dans un premier temps, de passer ta cordelette dans le trou qui se trouve le plus au centre de l’ancre à neige. Tu vas ensuite faire, dans la neige, une saignée en forme de « T » avec ta pelle, comme vu plus haut. La partie haute (horizontale) du « T » sert à enterrer ton ancre alors que la partie verticale sert à laisser émerger la cordelette.
Et là, tu peux constater que ce type d’ancrage est très efficace, très résistant. Lors du test, impossible de la tirer hors de la neige. Et pourtant j’ai tiré fort. Je me suis même aidé d’une autre ancre pour éviter que la cordelette ne me scie les doigts ;-)
Note bien que l’ancre doit être recouverte de neige et tu dois bien tasser cette dernière. Avec ce tassement et le rafraichissement nocturne, les cristaux de neige vont se souder entre eux. Ancrage ultra résistant garanti !
Test curiosité : ancrage avec une bouteille ?
Et pourquoi pas une bouteille d’eau ou une gourde comme corps mort ? Comme tu l’imagines, l’idéal est de mettre du liquide à l’intérieur afin de la lester.
Même principe que pour les autres types de corps mort. Il te suffit de l’enterrer et de bien tasser la neige au-dessus.
Pour la fixation, tu peux utiliser une cordelette avec un noeud d’amarre au niveau du goulot. Selon le type de bouteille, ça fonctionnera plus ou moins bien.
Le test est peu concluant. La forme conique du haut de la bouteille a tendance à pénétrer la neige, un peu à l’image d’une flèche.
Selon le type et surtout la forme de la bouteille, tu peux essayer avec un noeud d’amarre au centre de la bouteille, comme avec la sardine standard, en position horizontale, enterrée. Dans ce cas, le système doit être bien plus solide.
Autre inconvénient majeur que j’y vois ? Ta gourde reste hors d’atteinte aussi longtemps que la tente est montée. Ouais, c’est pas top, t’as raison…
Le sac plastique, sac à lunch… ?
Une autre technique que tu peux utiliser, ce sont les sacs : sac pour pique-nique, sac-poubelle, sac de rangement… L’avantage est que tu vas sûrement en trouver dans ton sac à dos. Personnellement j’en ai presque toujours avec moi.
Pour utiliser un sac comme moyen d’ancrage, tu connais maintenant le principe. Primo, il te suffit de le remplir de neige. Secondo, tu l’attaches, d’une manière ou d’une autre à une cordelette. Ensuite, tu creuses. Tu enterres le sac en laissant sortir la cordelette. Tu tasses bien la neige au-dessus du sac. Et te voilà avec une ancre solidement arrimée au sol.
Suivant le sens de traction, ce type d’amarrage est vraiment solide.
Le point faible réside cependant dans l’attache de la cordelette à ton sac. Eh oui, suivant le type de sac, c’est pas du tout évident d’y ajouter une cordelette. Et sans cordelette, il te manque le point sur lequel venir fixer tes haubans, par exemple avec un mousqueton.
Si ton sac est suffisamment grand, une fois rempli de neige, tu peux faire un nœud au bout avec la partie de sac qu’il te reste. Tu viens ensuite fixer la cordelette derrière le nœud du sac, avec un noeud d’amarre. À voir si le noeud ne risque pas de glisser et donc de se défaire à la longue.
Attention à bien récupérer tout ton matériel au démontage du bivouac afin de ne laisser aucun déchet dans la nature.
Dans le commerce, tu peux également trouver des ancres en tissu spécialement prévues pour le montage du bivouac dans la neige. C’est par exemple le cas avec les snow anchor proposés par MSR. À tester…
Un ski ou une raquette enterrés ?
Avec les skis, plusieurs possibilités s’offrent à toi.
Tout d’abord, comme une sardine ou une ancre à neige géante : ski planté à 45° dans la neige. Tu sais, exactement comme tu le fais lors d’une pause en ski. C’est un point fixe très efficace et rapide à installer. Le top quoi.
L’autre possibilité consiste à utiliser le ski complètement enterré, comme corps mort. Exactement comme l’ancre à neige en position horizontale. Avec l’avantage que tu peux venir y greffer plusieurs cordelettes. Et donc, potentiellement, venir y fixer plusieurs haubans.
Et là, tu peux y aller, c’est du béton ! Si tu as besoin d’un ancrage vraiment solide, c’est vers celui-là que tu peux te tourner.
Le point sur lequel faire attention, ce sont les carres des skis. Ils sont tranchants et peuvent donc sectionner ta cordelette. C’est ce qui m’est arrivé en tirant pour retirer le ski de la neige ! Veille donc à utiliser cette technique en tenant compte de ce point.
J’ai testé ici uniquement avec des skis. Tu peux cependant utiliser les mêmes techniques, moyennant quelques adaptations, aux raquettes à neige.
D’autres objets de fixation ?
Maintenant, j’imagine que tu as compris le principe. Et que ces quelques tests t’ont orientés sur l’utilisation des ancrages en bivouac hivernal. L’important pour moi, ici, n’est pas d’être exhaustif, simplement de montrer quelques principes.
Dès lors, tu peux trouver d’autres objets qui te serviront d’ancrage. Laisse simplement ton imagination t’inspirer.
Il y a par exemple les bâtons de ski, une sonde avalanche, un piolet, une branche d’arbre…
Il suffit :
- d’un objet qui présente une surface suffisante pour offrir une résistance à la neige une fois enterré ;
- d’y attacher une cordelette ;
- d’enterrer ton corps-mort ;
- de bien tasser la neige au-dessus.
Dès lors, une fois ton amarrage bien choisi en place, c’est du béton ! La fixation de ta tente est assurée. Une excellente première condition pour passer une magnifique nuit reposante.
Conclusion des tests
Oui, c’est vrai, il manque une condition réelle à ces tests : passer vraiment une nuit à l’extérieur. Là, j’avais simplement envie de faire quelques tests, avant de pousser plus loin les expériences. Ce que je ferai dans de prochains articles.
Pour autant qu’il gèle durant la nuit, tes sardines et autres corps morts seront beaucoup plus stables et donc difficiles à déloger. C’est la dimension qu’il manque à ces tests. Tu peux donc les prendre comme un minimum syndical de base ;-)
De mon côté, j’ai hâte de faire quelques essais dans des conditions réelles. Prochainement…
Si, toi aussi, tu as des expériences dans le domaine des ancrages sur neige, partage-les ! Je suis sûr que les lecteurs de cet article seront ravis de t’entendre dans les commentaires ci-dessous.
À tout bientôt pour de nouvelles aventures…
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