La veille du départ pour cette randonnée, je suis assailli par un gros doute : j’y vais avec Éric, un ami rencontré récemment. Je dispose cependant de peu d’éléments sur sa condition physique ou encore l’équipement dont il dispose. Et nous allons tout de même passer une nuit à la belle étoile à près de 2250 m. Mieux vaut assurer un minimum 😉
Préparation : quelques doutes…
En vérifiant la météo, je vois qu’il y a peu de risque de précipitation pour les deux prochains jours. Un bon point de base, nous pourrons effectivement nous passer de la tente.
D’autres inconnus subsistent cependant : les conditions d’enneigement et la température durant la nuit, notamment.
Alors même que nous sommes à la fin juin, les nuits restent pour l’instant fraîches en ce début d’été. Du coup, la neige tend à persister en altitude. Pas idéal pour l’accès aux sommets et pour les bivouacs en montagne. D’autant plus que le Lac de Soi profite de l’ombrage offert par les Dents du Midi.
Avant d’aller me coucher, je note quelques alternatives à cette randonnée. Le Mont de l’Arpille, au-dessus de Martigny. L’endroit est plus exposé au soleil et en fait donc une rando de printemps idéale. Ou encore un spot majestueux, véritable nid d’aigle, découvert en faisant le tour du Catogne. Bon, pour l’instant, dodo, il sera toujours temps, demain, de décider le chemin que nous souhaitons suivre.
Le lendemain, j’énumère à Eric les différentes possibilités. Comme il me dit avoir l’esprit d’aventure, nous voilà partis, direction le Lac de Soi (2246 m).
Route d’accès difficile
J’ai tracé sur la carte un itinéraire d’environ une heure de montée, pour un dénivelé légèrement supérieur à 300 mètres. Suffisamment long pour rester un brin sportif, tout en évitant d’être trop long, juste au cas où…
Quand je me balade avec des connaissances dont je ne connais pas le niveau, je préfère rester du côté de la prudence. Une belle leçon issue de l’expérience, je t’en parlerai certainement un jour.
Afin de réduire le temps du parcours à pied, nous montons en voiture jusqu’au niveau des alpages. La route, tout juste carrossable, est interminable. Eric est impressionné par le trajet et j’avoue que si c’était à refaire… j’y réfléchirais à deux fois 😂
Au lieu du parking (1950 m), nous sommes déjà au-dessus de la limite des arbres et la vue s’ouvre sur les sommets environnants. Ça y’est, je suis dans mon élément !
Le point de vue du Signal de Soi
La première étape qui attire Eric est le Signal de Soi (2056 m), le petit sommet qui se trouve juste en-dessus de la voiture. Ce site semble offrir un beau point de vue. Nous pourrions peut-être nous y installer pour la nuit ?
Arrivés à son sommet, la vue est effectivement appréciable. Je reste cependant sur ma faim : le trajet était bien trop court à mon goût, un quart d’heure tout au plus. J’ai envie d’en avoir plus dans les jambes et je le signale à Eric, pointant du doigt l’endroit où devrait se trouver le lac, invisible à nos yeux pour l’instant.
Bien qu’y subsiste encore de nombreux pans neigeux, l’accès semble tout à fait abordable vu d’ici. Nous décidons donc d’y monter.
Montée au Lac de Soi
Un groupe de six jeunes accompagnés d’un chien nous précèdent. Ils semblent lourdement chargés. Nous aurons certainement de la compagnie pour cette nuit 😉
Après une première partie de parcours dans les prairies, nous aboutissons dans un paysage plus minéral. Avec la présence de la neige, tout proche, l’air se rafraichi. Il est temps d’enfiler une couche supplémentaire.
Parcours avec vue, jusqu’au lac Léman
Le ruisseau formé par les eaux du Lac de Soi se fraie un chemin dans ce dédale de roches. Bien que nous en sommes maintenant tout proche, le lac reste toujours caché. Comme pour nous dévoiler d’un coup sa magnificence. C’est ok, nous jouons le jeu et ferons preuve de patience.
Nous entamons ainsi la dernière partie du parcours : le dévers avec le névé sommital. À l’arrière plan, les Dents du Midi renforcent l’idée de nous trouver en pleine montagne. La journée touche à sa fin, nous nous réjouissons d’arriver et de nous installer.
Arrivés au sommet de la pente enneigées, la vision est magique.
Juste à temps pour le coucher de soleil…
Le soleil, désormais bas sur l’horizon, ajoute des couleurs d’or à ce tableau. Le lac se déverse dans la vallée en une cascade du haut d’un muret en pierre sèche.
Le paysage est sculpté de magnifiques formations minérales crées de la main de l’homme.
On y trouve des petites tours ressemblant à des cairns, dont l’un d’eux repose comme posé sur les eaux paisibles du lac. Des murets et une petite arche donnent à ce lieu un aspect quasi mystique. Le lac est partiellement recouvert de neige, ce qui lui ajoute de belles touches bleutées.
Notre effort du jour accompli, nous savourons l’ambiance du lieu et profitons pleinement de l’horizon orangé que nous offre le coucher de soleil.
La magie du coucher de soleil
Un léger vent vient ajouter à la fraîcheur du crépuscule. Il nous rappelle qu’il est temps de nous installer pour la nuit. Une fois trouvé un bout de terrain plat à la vue qui s’étend jusqu’au Lac Léman, nous nous réjouissons de nous installer dans nos sacs de couchage.
Ce n’est pas un sac de couchage ! Que faire ?
Eric blêmit en extrayant le sien de sa housse : « ce n’est pas un sac de couchage, c’est un matelas de sol ! »
Eric m’explique qu’il est parfois un peu tête en l’air. Et j’en ai la preuve sous mes yeux : il a emporté un matelas de sol à la place de son sac de couchage. Même si la température devrait rester positive, la nuit s’annonce fraîche. Que faire ?
Différentes options s’offrent à nous.
Renoncer à cette nuit à l’hôtel des 1000 étoiles et regagner la plaine : non, ce n’est décidément pas une solution envisageable.
Je propose de redescendre à la voiture chercher le sac de couchage que j’avais pris en réserve. En 1h30, je peux être de retour. Eric refuse, il choisit l’option de passer la nuit sans sac de couchage, comme un bivouac de survie.
Il s’équipe avec tout ce qu’il a de plus chaud. Je lui prête mes gants, ma doudoune, ma veste, ma couverture de survie. Il ressemble au bonhomme Michelin 😂
Nous voilà donc prêt pour une bonne nuit de sommeil. Est-ce que ce sera vraiment le cas pour mon compagnon ? Je te propose de le découvrir dans le prochain épisode…
Ne fais pas comme Eric !
À la suite de la mésaventure vécue avec Eric, j’ai décidé de lui concocter une checklist afin qu’il pense à emmener avec lui tout ce qui peut lui être utile. Et depuis, je t’avoue que je l’utilise également pour :
- vérifier les points de préparation d’avant randonnée ;
- m’assurer d’emporter avec moi tout le matériel dont je vais avoir besoin ;
- effectuer ma routine d’après randonnée, afin de mieux préparer la suivante.
Si, toi aussi, tu souhaites préparer au mieux tes prochaines randonnées, tu peux t’inscrire au programme gratuit qui accompagne cette checklist. Un excellent moyen d’arpenter en toute sécurité et avec confiance les sentiers de montagne et d’y dormir.
Informations pratiques
Région
Suisse > Valais > Monthey > Val-d’Illiez
Accès en transport public et voiture
En transport public : –
En voiture : quelques places de parc à Soi d’en Haut. La route d’accès est cependant difficile d’accès, 4×4 recommandé. Accès au point de départ de la randonnée (accès jusqu’au parking pas garanti via ce lien, vérifie bien sur une carte avant de te rendre sur place).
Infos et carte de l’itinéraire suivi
Les informations ci-dessous concernent uniquement l’itinéraire de Soi d’en Haut au Lac de Soi. Le temps de retour est à prévoir en plus en cas de randonnée sur la journée (voir les indications sur la carte).
Durée : | 1h10 | Point haut : | 2247 m |
Distance : | 2.6 km | Point bas : | 1935 m |
Dénivelé + : | 364 m | Difficulté : | T2 – randonnée en montagne |
Dénivelé – : | 66 m | Boucle : | Non |
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