Bon, la première étape de cette randonnée d’été consiste à atteindre, depuis la plaine, le village de montagne de Van d’en Haut. Et ça c’est déjà toute une aventure en soi !
Tu sais, c’est une de ces routes de montagne qu’il faut avoir fait au moins une fois dans sa vie. Je te laisse imaginer le style : flan de coteaux, du vide, des tunnels bruts avec virages et sans possibilité de croisement. Toute une aventure je te dis !
Montée vers la lac de Salanfe
Départ donc depuis Van d’en Haut. Il y a un parking (1445 m) après le camping. Ça fait un peu drôle, tu as vraiment l’impression de passer au milieu du camping pour y accéder. T’inquiète, c’est normal !
Bon, me voilà en chemin. En cette fin de journée, je croise tout plein de randonneurs qui redescendent du lac de Salanfe (1908 m). C’est vrai que c’est un haut lieu du tourisme de montagne estival. Et pour cause : les paysages y sont superbes.
La montée se fait donc par un petit sentier assez raide. Il serpente dans la vallée étroite. À certains endroits, des escaliers te permettent de prendre de l’altitude plus rapidement. C’est la première partie raide de la course.
Ensuite, jusqu’à la hauteur du barrage, tu peux marcher sur une route carrossable. C’est beaucoup plus tranquille !
En prenant de la hauteur, la vue s’ouvre quelque peu. C’est vrai qu’en montant dans ce fond de vallée, tes horizons sont plutôt bouchés.
Arrivée à la hauteur du couronnement du barrage (1926 m), tout change : le paysage s’ouvre sur un magnifique lac de montagne avec des massifs montagneux qui semblent entourer le lac. Waouh ! Quelle ouverture tout à coup !
Comme la plupart des randonneurs qui montent à cette heure-ci, tu peux t’arrêter à l’auberge de Salanfe (1950 m). Tu y trouveras gîte et couvert. Bien utile pour faire la Haute Cime sur 2 jours. L’auberge est également une étape de choix si tu souhaites faire le tour des Dents du Midi. Une très belle course de montagne en boucle que je te recommande d’ailleurs.
Un excursion en famille ?
Le lac de Salanfe, avec une nuit à l’auberge est également une sympathique excursion à faire en famille. Le lendemain, tu peux, par exemple, faire le tour du lac. C’est une belle marche, quasiment à plat, dans un environnement de haute montagne. Perso je trouve que c’est vraiment l’endroit idéal pour des randonnées au top !
J’ai d’ailleurs fait cette sortie l’été passé avec mes enfants. Ils en ont gardé un grand souvenir et m’en parlent souvent.
Ok, revenons à la suite de la rando. C’est que nous avons encore un peu de chemin à faire avant la nuit !
En longeant le lac, tu vas trouver quelques parties herbeuses propices au pique-nique ou à une bonne sieste au soleil. En ce mois de juillet, quelques vaches profitent de la bonne herbe qui y pousse. Un peu plus loin, une partie plus rocailleuse, parsemée de gros rochers dignes d’un éboulement. J’aime beaucoup cette alternance de paysages.
Un peu plus haut, en quittant le lac en direction du col de Susanfe, se trouve un plateau que j’affectionne particulièrement. Tu peux y trouver à nouveau cette alternance de verdure, de minéraux et de cours d’eau scintillant. Un spectacle tout en méandre ! Je me souviens y avoir fait une magnifique pause lors de mon tour du Ruan.
Sur la montée, je croise un premier bouquetin, tout proche du sentier. Je l’ai vu à la dernière minute. Lui aussi d’ailleurs. Il était juste caché derrière un gros bloc de pierre. Une fois que j’ai dépassé l’endroit, il revient. Je me demande ce qui peut bien l’attirer à cette endroit. Des restes de repas ? Une pierre salée ?
Un peu plus haut, J’emprunte le sentier d’été. En cette saison il devrait être hors neige. Ce sentier longe le versant des Dents du Midi à flanc de coteau. J’y aperçoit quelques congénères de mon bouquetin de tout à l’heure. Sur leur rocher, ils semblent s’amuser à défier les lois de l’apesanteur. Y’a pas à dire, tu peux bien croiser régulièrement des animaux, ce type de spectacle reste pour moi toujours aussi magique. Je passerai des heures à les observer.
Col de Susanfe : le bivouac est occupé ?
L’étape suivante et finale pour aujourd’hui : le col de Susanfe (2500 m). Je m’arrête au bivouac juste en dessous du col. J’aimerais vérifier s’il est éventuellement possible d’y passer la nuit.
La petite cabane de ferraille qui sert d’abri est un peu défoncée. La rudesse du climat hivernal ne l’a pas épargnée ! Je déplace la porte pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur. L’endroit est exigu. Une seule place de couchage. Et elle semble prise, il y a un sac de couchage posé sur une couverture de survie. Personne à l’intérieur pourtant. Et j’ai beau scruter les environs je ne vois personne non plus. Je cherche une explication : ce serait du matériel qui a été mis là pour accueillir un hôte éventuel ?
Bon, quoi qu’il en soit, si la place n’est pas prise, je vais faire ma réservation. À l’intérieur du refuge, il y a également un réchaud avec deux cartouches de gaz. C’est vraiment le luxe de se perdre par ici !
Allez, assez de rando pour ce soir, c’est le moment de m’installer pour la nuit. Matelas, couverture de survie, sac de couchage léger, ça me fait vraiment un matelas super confortable. Je sens que je vais passer une excellente nuit dans ces conditions !
Il pleut dans la cabane !
Vers 1h du matin, je commence cependant à entendre des plic plic plic qui font résonner la ferraille… avec de plus en plus d’intensité ! Tiens, je dirais même qu’il y a peut-être un peu de grêle !
Au bout d’un moment, les plic plic ne se content plus de l’extérieur. Voilà que je les entend également sur le sol du bivouac. Eh oui, cet abri « boite de conserve » a décidément bien souffert et maintenant il pleut dans l’abri !
Heureusement, les gouttes de pluie tombent à quelques centimètres et pas directement sur mon couchage. Ouf ! Je reste cependant méfiant. Au bout d’un moment, je décide de couvrir mon sac de couchage avec ma couverture de survie, juste au cas où… Pas trop envie de transformer mon couchage en piscine !
Finalement, au matin, je me réveille au sec. Un bon point !
Cette situation m’a permis de faire une expérience intéressante : apprécier la différence de température avec et sans couverture de survie. C’est pas clair ?
Ok, je m’explique. La première partie de la nuit, j’ai dormi comme d’habitude, dans mon sac de couchage.
Ensuite, quand j’ai commencé à craindre de mouiller mon sac, j’ai simplement posé ma couverture de survie alu au-dessus du sac de couchage, en guise d’étanchéité. Et là j’ai vraiment pu sentir à quel point j’avais plus chaud.
Tu sais, on parle souvent de ces couvertures de survie, comme quoi elles retiennent la chaleur. Eh bien là, j’ai pu en faire réellement l’expérience. C’est ça qui est cool : la différence entre des ouï-dire et ce que tu expérimentes. C’est un peu comme entendre parler d’une rando et enfiler tes chaussures et y aller :-)
Départ matinal vers la Haute Cime
Bref, je me réveille donc là, de bonne heure le lendemain matin, tout content d’avoir passé une nuit confortable, à l’abri du vent et au sec. À l’extérieur, le temps est nuageux, brouillardeux (j’adore inventer des mots), humide et venteux. Oui oui, un vrai temps automnal.
Je laisse mes affaires de nuit dans le bivouac et me prépare pour une ascension vers le sommet avec un sac léger. Cool ! Juste pour te dire, j’inaugure un peu la saison : c’est ma première grande rando de l’année. Donc, autant y aller tranquille.
Le vent rend l’ambiance particulièrement fraîche. Du coup je monte équipé de ma veste et de ma doudoune, ce qui est assez rare. Le sentier est rocailleux, raide. À certains endroits, le chemin part dans différentes directions et, avec le brouillard, difficile de savoir quel itinéraire privilégier. Oui, il reste la carte, c’est vrai. Et puis il y a toujours l’idée de base : progresser vers le haut ;-D
Pour moi la montée est rude. Ça grimpe et je sens que je manque d’entraînement. La caillasse est relativement instable, ce qui intensifie l’effort. À part une petite langue de neige juste en dessous du sommet, le terrain est sec. J’ai préféré emporter mon piolet par sécurité. Finalement je n’ai presque pas eu à l’utiliser.
Où est la magnifique vue ?
Ça y est, c’est le sommet (3258 m). À cette altitude, j’imagine une vue magnifique sur les sommets environnants et sur la lac Léman. Juste en imagination, car, dans les faits, c’est tout juste si je peux voir mes pieds. Par moment le vent écarte quelque peu les nuages, de quoi dégager la vue sur quelques dizaines de mètres, rien de plus.
C’est incroyable de me retrouver dans cette ambiance. Avec le vent, le brouillard, la fraîcheur, ça fait un sacré contraste avec la canicule de ces derniers jours. Un excellent exercice d’adaptation !
Je trouve un endroit protégé pour me restaurer rapidement avant d’entamer la descente. Pas trop envie de traîner ici dans ces conditions.
Durant la descente, je m’étonne tout de même de n’avoir croisé personne. La Haute Cime me semblait pourtant un sommet populaire. Plus bas, dans la descente, je commence à comprendre : j’étais seul car de bonne heure ! Maintenant ce sont des files de randonneurs qui se suivent vers le sommet. Sans déconner, je t’assure ! Mon intuition était donc juste, c’est vraiment une montagne populaire !
De retour au col de Susanfe, je constate que la limite du brouillard est bien remontée. Peut-être que mes successeurs au sommet auront la chance d’admirer un paysage plus dégagé que le mien ?
Pour ma part, c’est le moment de rassembler les quelques affaires qui m’attendent dans ma « boîte de conserve nocturne ». J’en profite pour bien sécher mes affaires, le temps d’un petit dèj’ un peu plus substantiel qu’au sommet. Le tout en regardant passer les groupes de randonneurs qui se succèdent.
Un brin de causette par-ci par-là et me voilà à nouveau en route sur la descente. Je croise notamment un petit groupe que j’avais déjà vu hier soir. Ils sont dormi à l’auberge de Salanfe et se dirigent vers la Haute Cime.
Pour moi c’est fait. Je m’élance dans la suite de la descente, avec, devant moi, une bonne demi-journée que je vais pouvoir consacrer à d’autres activités. Trop top !
Infos pratiques
Itinéraire alternatif
Une alternative pour atteindre la Haute Cime, consiste à partir depuis les hauts de Champéry, vers la camping du Grand Paradis (1076 m). Dans ce cas il est possible de passer la nuit à la cabane de Susanfe (2101 m) pour étaler la course sur 2 jours.
Liens utiles
- Auberge de Salanfe (1950 m)
- Cabane de Susanfe (2101 m)
- Le point de départ de la rando sur Google Maps (parking au dessus de Van d’en Haut)
- Le parcours de la rando sur SuisseMobile (uniquement le parcours aller, le retour se fait par le même itinéraire)
Flo
incroyable !
t’es vraiment un as doublé d’un dingue !
Bravo pour la débrouille et la bonne grimpée !
Et merci pour le partage. Si la Haute-Cime n’est pas pour cette année, je la garde – et ton article- sous le coude pour la saison prochaine (au chaud pour moi).
tu mérites le titre d’Aventurier, respect !
Nicolas
C’est vrai que ce genre de sortie relève un peu de l’aventure :-D En même temps il y a tellement de situation dans la vie qui sont une aventure!
Si j’ai dû un peu me forcer au début, maintenant j’apprécie vraiment ce genre de rando, ce contact avec la nature. Et tu y es pour quelque chose Flo. Merci à toi!